Prophétie Nordique
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 Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver]

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Nillviem
Gwendirien
Nillviem


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MessageSujet: Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver]   Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver] EmptyDim 20 Déc 2009 - 19:21

Deuxième jour, Treizième semaine
Nuit noire, Pleine Lune
An 835


Habituellement, les nuits de Nillviem ne laissaient guère de place au sommeil, qui prenait davantage lieu à l’aube. De plus, le voyage qu’il avait effectué au sein des terres Amazones, il y avait de cela quelques jours, aurait dû être source de troubles et de pensées propices à l’insomnie. Certes les interrogations aussi diverses que fougueuses avaient été présentes, mais l’insomnie, elle, ne s’était pas montrée. Après avoir présenté divers comptes-rendus détaillés à la Cour, puis au Roi seulement, aussitôt avait-il tenté de combler la fatigue qui l’habitait, qu’il s’était endormi. Mais ce n’était qu’un faux espoir quant aux nuits à venir.

En effet, les journées suivantes, la réalité semblait vaciller. Il était à peine remis de l’entretien avec la souveraine Amazone et du ressenti qu’il en avait. De plus, les conséquences engendrées, aussi bien pour lui que pour les Druides, dont l’agitation allait croissante, et du côté de la Reine Calafas, paraissaient bien lointaines. Si sa conscience le maintenait attentif à son entourage et aux informations qu’on lui transmettait, son esprit divaguait malgré lui sur de nombreuses réflexions, et de plus en plus souvent. Il avait donc tenté de reporter son attention sur quelque chose de plus futile, qui lui permettrait néanmoins de rétablir sa concentration. N’ayant aucune charge militaire à respecter pour le moment, l’endroit où il pourrait se changer les idées semblait alors être la ville. Seulement, pas un instant il n’avait pensé à la foule d’habitants l’apostrophant sans relâche pour obtenir des renseignements de premier rang. Suffisamment irrité, il s’était retiré dans ses quartiers. Les soldats l’ayant accompagné ne cessaient de décrire leur voyage à leurs congénères. Devant l’attitude du capitaine, personne ne vint à son encontre. Mais les regards insistants des plus curieux eurent tôt fait d’agacer le prince à nouveau. Le temple devait probablement regorger de villageois et de novices, et ne l’attirait en aucun cas. Et quel refuge pouvait-il bien trouver au Bastion ? Parmi les nobles et les ministres, affairés en réunions, et préparant la venue du Roi en terres Amazones. Car on ne parlait plus que de cela à présent. A la Cour, il suffisait de trois jours pour que son rôle dans cette affaire soit balayé par les nouvelles directives. Les annonces publiques orientaient le peuple à comparer les deux émissaires : du prince et du roi, lequel obtiendrait un meilleur résultat auprès de leurs voisins ? Les rumeurs allaient bon train, l’opinion générale ne ménageant pas sur la réputation des résidents des Plaines de Fazor. Ce n’était que des hypothèses que formulait la population, mais lorsque les plus farfelues parvinrent aux oreilles de Nillviem, il n’hésita plus à descendre en ville pour apporter sa version. Après tout, ces commérages divertissaient et masquaient le danger qui s’étalait rapidement sur les terres druidiques, ce n’était donc pas une si mauvaise chose.

Quitte à voir défiler une nouvelle soirée sans sommeil, autant la passer dehors au clair de lune. C’est du moins ce que décida le prince, suite à trois nuits d’insomnie. Il résidait alors au Bastion, cloîtré dans sa chambre, même si une aimable servante s’obstinait à venir quérir de ses nouvelles de temps en temps. Le prince ouvrit les yeux, et l’envie de s’éclipser auprès du ciel nocturne le prit lorsque son regard se posa sur le visage rond qu’offrait Mani. La chaleur que lui procurait ses draps devenait suffocante et l’air frais ne pourrait lui être que bénéfique. Il avait encore laissé ses pensées l’emporter sans tenir compte du temps, car lorsqu’il ouvrit la porte de la pièce, seul le silence lui fit écho. L’heure était donc bien avancée, et le sommeil avait dû s’emparer d’Unae. Nillviem se réjouit à cette idée, et sortit des Appartements royaux sans un bruit. Le premier étage était également désert, tout comme le rez-de-chaussée. Une fois à l’extérieur, il inspira une profonde bouffée d’air, jouissant pleinement des rayons lunaires. Le jeune homme suivit son instinct et revêtit sa forme animale. Ainsi, il demeurait dissimulé aux yeux inattentifs. Ses sens le guidaient à travers la pénombre, et il avançait parmi les étroites bâtisses, de sa démarche souple et assurée. La brise, taquine, caressait son pelage. Nulle lumière ne troublait sa progression. Quelques animaux, effarouchés, rebroussaient chemin à sa vue. Toute présence de vie semblait le fuir.

Il parvint en peu de temps à la Serre, dans la partie ouest de la capitale, normalement déserte à cette heure-ci. Vérifiant, sans réelle nécessité, que personne ne se trouvait dans les environs, le prince pénétra dans l’immense jardin. Il admira encore une fois la beauté des lieux, car il était rare qu’il se retrouve au sein de ces somptueuses allées de végétations. Couleurs chatoyantes se mêlaient aux fleurs et plantes en tout genre. Ses pas le menèrent au cœur de la place, où s’élevait une ancienne fontaine aux formes sinueuses. Le félin s’allongea sur le sol pavé, contre cette dernière, laissant flotter le doux bruissement de l’eau à ses oreilles. Le regard tourné vers les cieux obscurcis, il songeait à sa sœur avec amertume et solitude.
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Melindaë Gordonian
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MessageSujet: Re: Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver]   Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver] EmptyLun 28 Déc 2009 - 18:50

Un bien-être intense parcourait les membres de Melindaë. Son cœur battait sur un rythme régulier et sa peau était chaude et douce. Installée devant sa glace, assise sur un tabouret confortable, elle brossait délicatement sa chevelure jais tout en fredonnant un couplet d’un des psaumes dédiés à Mani le tout-puissant. Sa tranquillité aurait pu être perturbée par les récents évènements qui frappaient le royaume des Druides mais en cette nuit de pleine lune, rien ne pouvait venir déranger la Grande Prêtresse. Ce visage rond et gracile qui irradiait le ciel avait un effet apaisant sur la jeune femme ce qui était sûrement du à ton totem : le loup.

C’est tout naturellement qu’elle déposa sa brosse sur sa coiffeuse et se dirigea vers la fenêtre qui donnait accès à un petit balcon. Etant Grande Prêtresse, Melindaë bénéficiait d’une agréable suite dans la demeure royale bien que le mobilier fut moins luxueux que celui du monarque. Mais en faisant ses vœux ecclésiastiques, elle avait juré de se contenter de ce que le monde lui offrirait et qu’elle ne bénéficierait ni du luxe ni de la notoriété que pourrait lui procurait son rang élevé. Elle s’installa, accoudée sur le rebord en pierre blanche et inclina le regard vers le ciel. Un mélange de sentiments tourbillonnait dans son âme tel un papillon prit en pleine tempête : du chagrin, elle passait à la joie et au rire et retombait par la suite dans une mélancolie profonde. Les images des dernières semaines défilaient dans sa tête comme si elle feuilletait rapidement un ouvrage…

Ce mélange de sensations fut soudainement interrompu par un élément sans réelle importance : une ombre semblait glisser le long des murs du Bastion dans la direction de l’Ouest. Intriguée, Melindaë se demanda qui pouvait bien se promener dans l’enceinte du Bastion à une heure pareille. En ces temps, chaque citoyen d’Unae se devait d’être prudent. De plus, à en juger par la forme de l’ombre, la jeune femme avait cru reconnaître un certain animal et plus précisément un félin. Mais la seule panthère qu’elle connaissait était le totem de la princesse des Druides qui avait disparu depuis quelques temps. A moins que ?… De plus en plus curieuse, Melindaë quitta son poste d’observation et rentra dans sa chambre pour enfiler rapidement sa cape d’un bleu nuit chatoyant. Après avoir glissé sa tête sous la capuche, elle sortit dans les couloirs. Il n’y avait personne à cette heure à part quelques servants qui faisaient des allers retours vers les Cuisines afin de combler les creux de minuit de leurs maîtres.

Arrivée à l’endroit où elle avait vu l’ombre pour la dernière fois, la grande prêtresse se dirigea dans la même direction que celle-ci. Mais une fois sortit du Bastion, elle s’aperçut qu’elle en avait bien perdu la trace. Interloquée, Melindaë se demandait bien comment elle pourrait la retrouver. Soudain, un éclair de lucidité jaillit dans son esprit. Sitôt, elle se transforma en louve. Le pelage d’un noir intense, seuls ses deux yeux bleus et le croissant de lune turquoise qui encerclait son œil droit perçaient dans la pénombre. Sa truffe huma longuement l’air à la recherche de sa proie. Il ne lui fallut pas longtemps pour retrouver sa trace…

Après une course effrénée, la louve arriva devant la Serre. Véritable royaume botanique, c’était ici que les Druides cultivaient toutes sortes de légumes, fruits et plantes qui faisaient l’excellente réputation des herboristes druides. Marchant sur les coussinets, la louve au pelage sombre pénétra dans ce chapiteau de verre. Seul le bruissement de l’eau venait rompre le silence végétal. C’est alors qu’au centre de la Serre se trouvait une magnifique panthère au pelage aussi sombre que l’écorce de l’arbre. Elle scrutait le ciel d’un air pensif. Aussitôt, Melindaë pensa à la princesse qu’elle avait vu quelques semaines plus tôt. Le souvenir de son totem était flou mais elle était persuadée qu’il s’agissait d’une panthère. Qui ne tente rien ne connaîtra jamais la vérité! pensa-t-elle. Se dirigeant calmement vers la panthère, elle se stoppa à quelques mètres de celle-ci. Une fois que Melindaë eut reprit sa forme humaine, elle s’agenouilla au sol et baissa la tête clamant d’une voix douce.

Princesse Aelalia, est-ce bien vous ? Par la grâce de Mani, je suis Dame Gordonian, la Grande Prêtresse. Nous nous sommes parlées il y a quel…

Deux iris d’un vert jade étincelant la fixaient à présent. Soudain, la jeune femme ne savait plus si elle devait continuer de parler ou prendre ses jambes à son cou…


Dernière édition par Melindaë Gordonian le Dim 10 Jan 2010 - 13:10, édité 1 fois
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Nillviem
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MessageSujet: Re: Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver]   Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver] EmptySam 9 Jan 2010 - 16:44

Il y avait un changement dans l’air. Un changement imperceptible pour l’homme, mais plus facilement décelable pour l’animal aux sens affutés. Il portait avec lui une agréable aura. Et même si elle n’avait pas d’odeur particulière hormis la fraîcheur de la nuit, elle laissait une sensation légère et douce. Ainsi Nillviem ressentit la présence du nouveau venu, plutôt qu’il ne l’entendit. Pourtant, ses oreilles tiquèrent vivement, mais il ne se détourna pas des cieux immédiatement. Ses yeux se fermèrent un instant, afin de sortir de sa méditation et de se préparer à chasser capricieusement l’inconnu qui le dérangeait par sa simple présence. Or dès qu’il les rouvrit pour tomber à nouveau sur le visage de Mani, toute force et toute envie de gronder pour satisfaire ce désir de tranquillité s’évanouit. Puisant un dernier réconfort dans la noirceur du ciel, il détourna ses pensées sur le druide qui s’était avancé vers lui. Oui c’était bel et bien un druide. Le contraire aurait été fortement étonnant, mais son intuition l’amenait curieusement à cette déduction. Après tout il n’était pas surprenant qu’un enfant du Sudorna, par une si belle nuit, revête sa forme primitive. Mais c’était peut-être aussi le manque d’informations qu’il ne parvenait à obtenir qui l’induisait à croire en cette apparence animale. Enfin, dans tous les cas, quel genre de visiteur pouvait bien se rendre dans la Serre à cette heure-ci ? Un sourire idiot se dessina dans l’esprit du prince. N’était-il pas un de ces visiteurs, cet importun qui dérangeait le sommeil d’une vie qui fourmillait en cet endroit ? A moins qu’on ne l’ait suivi jusqu’ici… A cette idée, une pointe d’agacement revint le titiller. Il refoula celle-ci au dernier plan, nul besoin de céder à la colère ou à une de ses comparses par cette soirée.

Apaisé, Nillviem tourna lentement la tête vers le druide qui avait repris forme humaine. La panthère n’eut que de courtes secondes, bien moins longues que celles qui venaient de s’écouler, pour détailler l’inconnue. Car elle choisit de briser le calme des lieux de sa voix claire et suave malgré la faible hésitation qu’elle recelait. Et le doux bruissement de l’eau fut englouti définitivement par ses propos. L’esprit du prince sembla cesser tout fonctionnement dès les premières paroles. Son regard se fit inconsciemment le plus insistant possible, mais ses émotions furent vides. Un étrange vide ? Plutôt cette sensation qui s’empare de l’être que l’on vient de surprendre profondément au cœur de ses sentiments. Pris au dépourvu, cet être reste là, le regard pareil à une image fixe. Peut-être les larmes monteraient-elle à ses yeux, piquant furieusement. Et ses lèvres s’entrouvriraient en une expression silencieuse. Sa tête aurait probablement un léger mouvement de recul, ou se pencherait sensiblement en avant, révélant ainsi sa profonde vulnérabilité.

A travers ce trouble assommant se formaient néanmoins deux réactions. Le jeune homme, d’une manière impulsive issue d’une peur rageuse, se sentant soudainement si dénudé de toute protection, aurait réagi excessivement, et aurait regretté sa perte de sang-froid, qui en révélait toujours davantage que ce qui avait été découvert. La panthère, accompagnée d’une tristesse insaisissable, n’aurait probablement rien dit, préférant encore le silence et une indifférence totale. Pourtant aucune de ses deux réactions ne franchit l’expression du prince. Il baissa finalement la tête, ne prenant pas la peine de masquer le soupçon de tristesse qui s’empara brièvement de ses yeux devenus ternes. Puis il se leva, et sans hâte s’éloigna de la jeune femme, dans la direction opposée, avant de s’asseoir, à peine deux mètres plus loin. L’emprise de la Lune s’étalait peu à peu sur sa robe brune. Un souffle abstrait semblait descendre des rayons lumineux, il se confondit avec celui du prince, et ses mains douces s’emparèrent de lui avec attention, chassant toute confusion mais aussi toute réflexion. Et comme naturellement, le calme vint s’instaurer au sein du druide. Il reposa à nouveau son regard où perçait une note mélancolique mêlée de compréhension sur la prêtresse, le reporta devant lui et déclara d’une voix au timbre étonnamment doux.

- Hélas, j’espère ne pas trop vous décevoir Dame Gordonian, mais la personne que vous nommez n’est pas ici. Sinon croyez-moi je le saurais.


Les pensées du capitaine étaient enfermées dans cette bulle de sérénité prompte mais nécessaire, son attention était ailleurs, enfouie quelque part afin de brider sa conscience plus efficacement. Il retrouvait peu à peu une stabilité intérieure. Pourtant, un vif sursaut consciencieux lui rappela qu’il n’avait toujours pas dévoilé son identité. Une voix lointaine lui reprocha cette désobligeance d’avoir laissé la jeune femme dans une telle confusion d’identité.

- Pardonnez mon manque de courtoisie. Mon nom est Nillviem Fenril, frère de la princesse Aelalia.

Peu à peu toutes les informations qui lui étaient fournies retrouvaient un fond. La Grande Prêtresse… La dernière fois qu’il l’avait vu était lors des libations officielles effectuées la semaine précédente. Il était resté en retrait, tout comme ses impressions. Elle était sans doute la figure la plus appréciée du royaume. C’était une de ses personnes que Nillviem respectait véritablement même s’il ne la connaissait pas vraiment. Le peuple avait, après la mort de la reine Faldora, eu tendance à se reporter davantage sur la religion, étant donné le peu de confiance en la royauté présidant. Que pensait-elle, de cette même royauté ? La panthère laissa prudemment ses réflexions reprendre leur cours, et réalisa les points défaillants de son comportement quelque peu singulier. Comment allait réagir la druidesse ? Suivant sa personnalité, fut la réponse qui vint à Nillviem.
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Melindaë Gordonian
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MessageSujet: Re: Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver]   Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver] EmptyLun 25 Jan 2010 - 22:09

Les bruits se turent autour d’elle et les lucioles semblèrent cesser de voler. Le temps se suspendit un instant. Melindaë entendait seulement son cœur tambouriner dans ses oreilles sur un rythme très lent. Elle sentait ses membres se paralyser telle une vague déferlant sur son corps. Bientôt, elle serait engloutie dans les abîmes de la peur, manquant d’air et suffoquant d’angoisse. Dans cette étrange obscurité, deux cercles d’un vert émeraude éclatant la fixaient, sans siller une seule seconde. La prêtresse avait l’impression de plonger dans ce regard intrigant, qui l’attirait autant que si ce fut le chant d’une sirène. Littéralement envoûtée, son esprit lui criait de fuir tandis que son corps refusait d’écouter.

Durant un instant, Melindaë avait l’impression de pouvoir lire au travers du regard de l’animal. Mais rien ne filtrait. Pas une émotion. La jeune femme se demanda alors s’il s’agissait véritablement de la princesse. En effet, quelques bribes de conversation persistaient dans son esprit mais il lui était impossible de décrire la princesse et encore moins son totem. D’abord panthère puis humaine, la jeune fille s’était confiée vaguement à la prêtresse, faisant état d’anciens souvenirs douloureux. Au départ, Melindaë avait cru qu’elle faisait allusion à sa triste enfance sans véritable amour maternel. Mais ensuite, les faits énoncés ressemblaient à un évènement plus récent. La prêtresse n’avait pas voulu être trop curieuse craignant que la jeune fidèle ne se refermât comme une coquille d’huître. Elle l’avait écoutée et avait tentée de la rassurer. Malheureusement, il semblait que cela n’avait servi à rien : la princesse avait disparu quelques jours après…

Ramenant son esprit dans le présent, ses pupilles sombres se rétractèrent, scrutant toujours la panthère. Aucun des deux enfants de Mani n’avait bougé d’un pouce depuis leur rencontre. Soudainement, la magnifique panthère baissa la tête et s’éloigna de Melindaë. Ses pattes de velours ne firent aucun bruit lorsqu’elles percutèrent le sol. La panthère se mouvait avec grâce, faisant miroiter son pelage à la lumière de l’astre glacé. Elle s’installa quelques mètres plus loin, semblant demander un instant repos que Melindaë avait perturbé en pénétrant dans la Serre. Peut-être aurait-elle du quitter les lieux à cet instant et laisser cet être énigmatique seul. Mais sa conscience la poussait à percer le mystère de ce sombre personnage.

A présent installée plus loin, la panthère porta à nouveau son regard sur la druidesse. Allait-elle lui demander de partir ? A son grand étonnement, la créature connaissait la première fille de Mani et même plus étrange, elle prononça son nom. Stupéfaite, la curiosité de Melindaë s’accrut instinctivement. A ce qu’il paraissait, le totem reflétait l’âme du druide. En effet, en examinant quelques totems, on pouvait deviner la pureté du cœur du druide : même de haut statut, certains pouvaient se retrouver avec des totems affreux alors que dans le bas peuple, certains possédaient de magnifiques totems. Néanmoins, ce n’était qu’une légende… Ainsi, Melindaë pensa que cette personne en face d’elle devait détenir une noblesse de cœur digne des plus grands de ce royaume. La panthère semblait tellement parfaite qu’on eut dit qu’elle avait été envoyée à Sudorna par Mani. Peut-être est-ce un messager finalement ? Mais les nouvelles paroles du félin éteignirent tout espoir de la grande prêtresse. Il s’agissait en réalité de Nillviem Fenril, le prince des Druides !

Instinctivement, Melindaë s’inclina et baissa la tête en fixant le sol. Elle ne se relèverait que quand elle en aurait l’autorisation. Bien qu’elle fût dotée d’un haut poste dans le domaine de la religion, cela ne l’excusait en rien du protocole à tenir face à une personne de sang royal. Attendant les remerciements du prince pour son geste de courtoisie, elle tenta de remuer les lèvres malgré des paroles inaudibles. Elle craignait que la déception quant à l’identité de son interlocuteur ne pût se lire sur son visage. Tentant de retrouver un semblant de confiance, elle essaya à nouveau de s’exprimer. Le silence devenait trop pesant et soupçonneux.

Prince Nillviem ! Je m’avoue surprise de vous voir ici. Je ne vous pensais pas rentrer d’Eralo. Ce n’est pas que les affaires du royaume ne m’intéressent pas… Seulement, il y a tellement à faire au Temple du tout-puissant Mani… Pardonnez mon trouble, seigneur Fenril, je prierais pour votre protection auprès de notre Père créateur.

Toujours courbée, les yeux rivés au sol, elle se maudissait intérieurement. Quelle idée saugrenue d’avoir voulu suivre cette panthère ! Voilà maintenant qu’elle venait de déranger une des personnalités les plus influentes de la cour : le prince en personne. Se fustigeant de tous les maux, elle pensa qu’elle devait peut-être laisser le prince tout seul. Tu as assez fait de dégâts comme ça, ma fille ! pensa-t-elle. Néanmoins, sa curiosité la titillait et elle espérait au fond elle-même que le prince la rappellerait et lui expliquerait sa venue secrète dans la Serre. Peut-être une charmante jeune fille ?

Je m’en vais donc Prince Nillviem. Vous devez sûrement attendre une charmante compagnie. Veuillez encore excuser cette intrusion…

Si tel était le cas, alors Melindaë avait peut-être une idée sur l’identité de la mystérieuse jeune fille !
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Nillviem
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MessageSujet: Re: Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver]   Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver] EmptyLun 1 Fév 2010 - 17:24

Nillviem fut quelque peu surpris par la réaction de la jeune femme dès lors qu’il avait prononcé son nom. Il ne s’habituerait jamais aux marques de courtoisie qu’on lui témoignait. Pour lui, elles n’avaient rien d’obligatoire et ne signifiait pas grand-chose, et c’est à peine s’il y prêtait attention. Bien sûr, ces gestes faisaient partie intégrante de son quotidien. De gracieuses courbettes des serviteurs royaux aux profondes inclinations des citoyens, il n’y avait que les Nobles, penchant pour de partielles salutations, qui se détachaient du lot par la nécessité et parfois même l’extravagance de ces prétendues marques de respect. Certes, il les rendait en toutes et bonnes formes. Seuls les membres de sa Compagnie l’accueillait d’un avenant signe de tête accompagné de sincères salutations. Après tout, il leur avait déconseillé d’en faire autrement. Au sein de son corps d’armes il demeurait un soldat, et non un prince. Il détestait être évalué pour son titre et non sa valeur. Nul doute cependant que sa naissance pouvait s’avérer utile en certaines circonstances.
Ainsi il resta muet les secondes qui suivirent, ne sachant que dire à cette femme qui s’inclinait simplement pour ce qu’il était. Le silence prenait ses aises avec toute la gêne qu’il pouvait occasionner. La Prêtresse y mit un terme, soulageant par là-même le prince et son manque de réaction. Ses propos furent précipités mais ils eurent l’avantage de chasser tout embarras chez la panthère. Elle s’était tue et Nillviem profita de cet instant pour la remercier et s’incliner à son tour.

« Je vous en prie, redressez-vous. Je ne suis pas sûr d’être digne du respect que vous m’offrez, et vous n’en méritez pas moins. Néanmoins je vous remercie, votre prière sera la bienvenue. »

Elle semblait enfouie au creux de ses pensées. Le druide affichait quant à lui une sérénité paisible. Quelle étonnante rencontre tout de même. Il ne s’était jamais trouvé dans un cadre aussi restreint avec la représentante de Mani. D’ailleurs, s’était-il déjà entretenu personnellement avec elle ? Peut-être avaient-ils échangés quelques mots lors des funérailles de la défunte reine, ou lors de l’intronisation de son successeur. Il ne s’en rappelait pas, son esprit était bien trop bouleversé en ces instants, et pas forcément pour les mêmes raisons que tous. Il se reprocha de ne pas s’être adressé à la religieuse auparavant. Il aurait dû s’informer sur la personne qui détenait la Foi de tout un peuple. Enfin, voilà que l’occasion se présentait curieusement. Mais le prince n’était pas sujet à tenir de tels propos inopportuns. Son attention se détourna de la Grande Prêtresse pour s’attarder sur l’intérieur de la Serre baigné de magnifiques rayons lunaires. De délicates fragrances enivraient ses sens. Cela sentait drôlement bon par là-bas. La panthère percevait les discrets sursauts des plantes, intriguées par la présence nocturne des deux druides. Et ses oreilles tiquaient parfois, lorsque le jeune homme croyait apercevoir du coin de l’œil un mouvement inquiétant. Ce n’était que cette conscience humaine, si encombrante et qui se méfiait de tout, qui se confrontait à ses instincts. Au final, il n’y avait aucune source d’inquiétude, seulement des ombres dansantes au gré des reflets de la Lune. Les couleurs nébuleuses des fleurs donnaient un aspect sombre aux lieux, et une dimension croissante. Or certaines nuances perçaient dans l’éclat de la nuit, et accordaient un peu de chaleur à la tranquillité environnante. Une envie impulsive ordonna au druide de se lever, et de se fondre dans cet univers floral, parmi lequel il se sentait agréablement bien, à défaut d’être au sein de la nature elle-même. Mais il n’en fit rien. Les paroles de la prêtresse claquèrent comme un coup de fouet. Il reprit forme humaine.

Il ne voulait pas qu’elle parte. Il ne savait pas pourquoi. Au début de son excursion, il s’attendait, et souhaitait, passer une nuit seul en compagnie des cieux obscurs et de l’astre étincelant. Toute présence autre que celle de sa sœur, ou d’une précieuse amie, n’était pas désirée. L’une étant absente, et n’ayant pas voulu déranger l’autre, retenu également par un sentiment distant de gêne, il avait délaissé l’insomnie en ces termes. Alors quoi ? Etait-ce parce qu’elle ne dérangeait pas le calme de ses pensées, difficile d’accès ces derniers temps ? Sa présence détenait un effet apaisant sur le prince. Aussi ne désirait-il plus être seul par cette nuit noire, dévoreuse d’étoiles et de tourments.

« Attendez…Restez. »

Il s’était rapproché de quelques pas avec vivacité en énonçant non un ordre, mais davantage une demande. Sa main s’était tendue en avant, légèrement, un court instant, avant de retomber lentement auprès de lui. Comme s’il aurait pu la retenir, par un quelconque moyen. Il s’aperçut brusquement que ses propos pouvaient paraître déplacés, et sentant le silence s’éterniser, il préféra ajouter quelque chose pour combler ce dernier.

« Je n’attends personne, et peu de compagnie s’avéreraient aussi charmante que la vôtre. Restez. Du moins si vous n’êtes point occupée par une si agréable nuit. Par ailleurs, vous ne pouvez vous considérez intruse dans un lieu public… »

Une pointe amusée passa sur son visage, visant à décrocher un sourire discret, sans savoir si dans cette semi-obscurité, il pouvait être perçu ou non. Il baissa les yeux en espérant que ses paroles ne soient pas interprétées d’une mauvaise façon.
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MessageSujet: Re: Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver]   Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver] EmptySam 13 Fév 2010 - 18:04

Sur le point de se relever, de tourner les talons et de repartir dans la direction du palais, Melindaë fut stoppée dans son élan par les paroles du prince. Celui-ci, qui avait repris forme humaine, lui demanda de rester. Intriguée, la jeune femme se demanda pourquoi il la retenait ainsi. En effet, elle n’avait eu que peu d’échanges avec le prince Nillviem. Ni ami ni ennemi, elle le connaissait surtout parce qu’il faisait parti de la famille royale. Autrement, elle n’aurait sûrement jamais eu de contact avec lui. Le prince ayant repris sa forme originale, Melindaë se retrouva face à son imposante prestance. Sa silhouette était svelte et se mouvait avec une grande souplesse et agilité. On pouvait dire que le totem de Nillviem lui correspondait parfaitement.

Le regard du prince restait tout aussi intimidant. Ses yeux verts pâles étaient mystérieux et étranges à la fois. Imperturbables et insondables, ils ne laissaient passer aucun sentiment ou pensée. Melindaë, qui aurait dû être habituée à force de décrypter les pensées secrètes de ses fidèles, restait médusée face à la contenance de Nillviem. Son visage de marbre cèdera un jour… pensa-t-elle. Elle eut alors la vision d’une statue, d’apparence faite de marbre, dont la surface s’abimait et s’effritait au fil du temps. Sous les craquelures, on pouvait apercevoir de l’or. En réalité, la statue, qui était en or, avait été recouverte de plâtre afin d’être protégée du temps et des aléas de la nature… Nillviem pouvait alors lui aussi se cacher sous cette carapace afin de se protéger des souffrances de ce monde.

Son regard était perdu dans celui du prince et elle n’aperçut que trop tard que celui-ci lui avait tendu la main, signe d’invitation à rester à ses côtés. Gênée par cette maladroite mégarde, la Grande Prêtresse rougit quelque peu. Ces pommettes rosirent légèrement et une vague de chaleur remonta jusqu’à son visage. Melindaë passa alors nerveusement une main dans sa chevelure jais et remit en place quelques mèches qui balayaient son visage. Le silence entre les deux druides se prolongea jusqu’à ce Nillviem le brise. Un sentiment de détente passa sur le visage de Melindaë qui se décontractait enfin. La voix du prince était douce et agréable. Elle lui faisait penser à celle de Galdor, le monarque druide. Une voix douce et un souffle chaud, tels étaient les souvenirs qu’elle gardait de son entretien avec lui…

Nillviem lui assura qu’il n’attendait personne et se permit de plaisanter sur la notion de lieu public. En effet, la Serre était ouverte à tous et même s’il était prince, il ne pouvait refuser la présence de Melindaë en ce lieu tranquille. Un léger sourire se dessina sur les lèvres de la Grande Prêtresse qui pencha la tête sur le côté comme pour mieux observer le prince. Son regard était à la fois amusé et curieux. En réalité, elle ne connaissait pas cette facette plutôt « comique » du prince. Ainsi pouvait-il se dérider avec certaines personnes ? La voix enjouée, Melindaë répondit tout aussitôt.

Bonne remarque Seigneur Fenril, je vous avouerai que ce détail ne m’avait pas traversée l’esprit sur le moment. Pardonnez mon esprit peut-être trop protocolaire… Et bien, si je puis rester à vos côtés en cette magnifique nuit, que cela nous soit utile ! Discutons !

Elle se dirigea alors vers la fontaine et s’assit sur son rebord. Elle se pencha légèrement au-dessus de l’eau et laissa ses doigts effleurer la surface. Des ondes se dessinèrent à la surface, perturbant la quiétude installée auparavant. Elle retourna son visage en direction du prince et tapota de sa main la place qu’il y avait à ses côtés.

Allons Capitaine, approchez-vous… Jusqu’à présent je n’ai jamais dévoré de fidèles… Du moins pour le moment !

Un léger rire cristallin se fit entendre. La lune qui se reflétait à la surface l’eau avait parfois un effet euphorique sur les enfants de Mani. Et en cette nuit bien calme, Melindaë sentait un sentiment de bien-être au fond d’elle. L’odeur des plantes entêtante, le roulis de l’eau, cette clarté lumineuse descendant du ciel faisaient de cet endroit le lieu le plus magique de Sudorna à cet instant. N’attendant même pas que le prince fut installé, Melindaë démarra la conversation qu’elle tenait à entretenir avec le prince.

Cher fidèle de Mani, je ne vais point vous blâmer pour votre faible présence au temple. En réalité, il s’agirait plus d’inquiétude pour une tierce personne : Aelalia Fenril, votre sœur. Je m’inquiète beaucoup pour elle. Depuis son départ, je n’ai eu aucune nouvelle… Pourriez-vous me rassurer, Seigneur Nillviem ? Je n’aime point savoir un enfant de Mani seul et sans défense quelque part sur ce continent dangereux…
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MessageSujet: Re: Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver]   Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver] EmptyLun 22 Fév 2010 - 9:37

Un soupir invisible, inaudible, mais pourtant présent et qui n’en signifiait pas moins. Il se traduisit extérieurement par un redressement partiel. Peut-être y’avait-il également une pointe de satisfaction, et de soulagement. La Grande prêtresse restait à ses côtés. Sa douce voix donnait le ton quelque peu égayé de cette singulière nuit, dont les rayons enchanteurs variaient entre ombre et lumière. Elle transmettait une humeur légère aux deux enfants de Mani, et leur accordait un repos et une brève insouciance partagés. Néanmoins un léger haussement de sourcils vint indiquer que le druide remettait en cause cet esprit « protocolaire »… mais il ne dit mot et de même opta pour un regard où pointait un début de curiosité. Il la suivit des yeux lorsqu’elle s’installa avec une certaine vivacité sur le rebord de la fontaine. Sa chevelure de jais glissait le long de ses épaules délicates. Les reflets lunaires ondulaient sur sa silhouette inclinée, dotant sa cape d’un bleu d’une pâleur étonnante. Un corps que l’on devinait gracile sous cette longue étoffe mais qui émettait une puissante aura, probablement accentuée par la beauté de la Lune. Nillviem connaissait ce genre de sensation qu’une personne pouvait dégager. Il avait un parfait exemple qui lui venait à l’esprit, mais le ressenti qu’il en avait était totalement différent. Beaucoup moins impétueux, davantage mystique, mais tout aussi envoûtant. Etrange.

Cette constatation s’échappa dans un coin de son esprit quand un éclat de rire le sortit de son observation. Les paroles prononcées revinrent au premier plan et s’imprimèrent aussitôt. Un sourire s’étira sur son visage. Il était agréable de savoir que la représentante de Mani n’était pas dénuée de sincérité. Il contempla un instant la place qu’elle lui réservait, immobile, puis s’y dirigea, alors même qu’elle engageait la conversation. Il ne tressaillit pas quand il entendit le nom de sa sœur. Désormais assis, son regard se porta devant vers le sol. Ses mains jointes, ses avant-bras logeant sur ses cuisses, revint alors un sourire éphémère et une image lointaine, mais définie. Depuis combien de temps ne l’avait-il pas vu ? Comment savoir si elle était en sécurité ? Pas de nouvelles, aucun indice sur l’endroit où elle se trouvait. On dit qu’elle avait été en terres Ombres ou qu’elle s’était réfugiée dans la forêt d’Ellendwraï, qu’on l’avait aperçu chez les Amazones, et même à la capitale Yswllyra. Ce genre de rumeurs volatiles avaient eu tôt fait d’exaspérer le capitaine, et il avait rapidement fermé ses oreilles à ces multiples incertitudes. Elle pouvait être n’importe où, plus aucune barrière ne la retenait, si ce n’était celle de son idéologie politique.
Le bien-être s’accrochait avec acharnement au prince, chassant tout sentiment néfaste, et lui permettant ainsi de prendre recul et clarté. Il se redressa et se penchant légèrement en arrière, posa ses mains contre le rebord intérieur de la fontaine et releva la tête en direction des cieux. Quand Mani allait-il enfin la lui rendre ?

Conservant une expression avenante exempte de toute méfiance, il tourna alors son regard vers la prêtresse. Le temps avait épargné ses traits sans doute par pudeur, altérant par là même son âge, que le prince n’arrivait point à déterminer. Elle semblait en effet hors d’atteinte de ses griffes marquantes, mais ce n’était probablement qu’une apparence. Peut-être portait-elle des blessures profondes, enfouies sous sa peau nacrée, que son esprit avait pris soin de recouvrir de bandages. Susceptibles de se rouvrir ou de laisser la douleur s’attendrir, disparaitraient-elles jamais ?

« Malheureusement je ne puis vous apporter un quelconque réconfort de cette façon. Je suis sans nouvelles, et je n’ai aucun moyen d’en obtenir. »

Il baissa les yeux à nouveau, mais resta serein malgré tout, même si un fond de tristesse résolue trahissait son regard. Ce n’était pas un fait nouveau, il avait déjà ressassé ces nombreuses questions maintes fois. Pourquoi ne pas lui avoir écrit ne serait-ce qu’une lettre ? N’avait-elle simplement pas pu, ou ne détenait-elle pas le désir de l’informer ? Ne voulait-elle pas s’enquérir de la situation de son peuple, de son frère ? Ces interrogations s’étaient vite ternies face au besoin pressant de la revoir. C’était tout ce qu’il voulait. Il n’aurait cure du reste qu’après, après l’avoir retrouvée. Elle lui manquait, voilà la seule certitude à laquelle il pouvait se raccrocher. Mais elle avait fait son choix, et il se devait de le respecter. La présence de la prêtresse ramenait cette sensation de bien-être qu’offrait la Lune. Le jeune homme se reprit, et immédiatement le sourire éclatant de sa sœur s’imposa à lui.

« Vos inquiétudes me touchent Dame Melindaë. Mais ne vous en faites pas. Si Aelalia a beau être douée pour s’attirer des ennuis, elle sait également s’en sortir. J’ai confiance en elle. »


Ses paroles résonnèrent en lui. Elles cherchaient l’écho d’une vérité, d’un fondement solide. Seul Mani sait si elles les trouvèrent. Il revint encore sur le visage de la Grande Prêtresse, et demeura ainsi quelques instants avant de reporter son attention sur le sol pavé. Lentement, il réalisa qu’une chose l’intriguait dans ses derniers propos. Pourquoi voulait-elle savoir comment allait la princesse ? Cela n’était sans doute pas une question de formalité puisqu’elle semblait s’être évadée en cette nuit. Depuis son départ elle n’avait eu aucune nouvelle… Sa sœur s’était donc déjà entretenue avec la religieuse. Cependant elle ne lui en avait nullement parlé. Surpris, et avant que l’inquiétude ne se mette à lutter pour obtenir le monopole de ses émotions, il demanda en fixant la jeune femme.

« Vous la connaissez personnellement ? »

Il ne savait pas s’il devait s’attendre à une réponse sincère ou une parfaite dissimulation. Après tout, l’altruisme, même exacerbé, est une qualité rare, mais pas inexistante. Pourtant si cela était vrai et qu’il n’était pas au courant, il y avait une raison.
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MessageSujet: Re: Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver]   Peine silencieuse [Melindaë * Ne pas archiver] EmptyJeu 18 Mar 2010 - 17:22

Nillviem vint rejoindre la Grande Prêtresse au bord de la fontaine. Levant la tête vers les cieux, Melindaë put examiner de plus près le visage du prince. Une teinte pâle contrebalancée par deux iris d’un vert étrangement pâle. Elle pouvait sans difficulté reconnaître les deux même iris qui la fixaient sous peu lorsque le jeune prince était encore une panthère. La grande prêtresse avait beau chercher au contraire une quelconque ressemblance avec Galdor, elle ne la voyait point : autant dans le physique que dans le caractère. D’ailleurs, elle se questionna un léger moment sur les raisons qui avaient poussé Faldora, l’ancienne Reine des Druides, à choisir Galdor plutôt que Nillviem. Car pour la jeune femme, les deux hommes avaient autant l’un et l’autre les capacités pour régner.

Ramenée à la réalité par la douce voix de Nillviem, celui-ci lui répondit qu’il n’avait aucune nouvelle de sa sœur. Dépitée, Melindaë tourna le visage vers le sol. Elle avait espéré que la seule personne la plus susceptible de la rassurer sur le sort de la princesse aurait pu l’aiguiller. Néanmoins, le jeune prince remercia Melindaë pour cette touche d’inquiétude et lui certifia qu’il avait confiance en sa sœur. Le visage de Nillviem semblait sincère et la grande prêtresse en fut attendrie. Elle ne connaissait pas ce lien si subtil qui unissait un frère et une sœur. Elle avait bien une cousine mais ses lourdes tâches ecclésiastiques l’empêchaient de revoir un quelconque membre de sa famille. Ainsi, elle n’avait pas revu celle-ci depuis de très nombreuse année. Elle ressentit alors un léger pincement au cœur. Heureusement, le prince Nillviem lui posa une question qui lui permit de penser à autre chose.

Connaissait-elle véritablement Aelalia ? Elle ne l’avait vu qu’une seule fois en tête à tête. Sinon, elle ne l’avait qu’aperçue durant de grandes cérémonies. Jusqu’où la grande prêtresse pouvait-elle affirmer qu’elle connaissait la sœur de Nillviem. A cela, elle préféra répondre vaguement. Et puis après tout, elle ne pouvait pas tellement ébruiter l’entretien qu’elle avait eu avec la princesse puisque les confidences demeuraient intimes…

Oui et non. Je ne l’ai vu qu’une fois seule à seule. Pensez-vous qu’on puisse connaître une personne en ne l’ayant vu qu’une fois ? J’en doute dans un certain sens…

La grande prêtresse ne semblait pas convaincue par ses paroles. Et pour cause : elle se rappelait de son entretien avec le Roi des Druides. Sans réelle explication, elle avait su qu’il serait l’homme de toute sa vie. Parfois, la vie réservait de drôles de choses… Un long bâillement suivit ce souvenir chaleureux. Le sommeil commençait à bercer les paupières de Melindaë. Il fallait dire que cet air enivrant et cette chaleur délicate avaient pour don d’apaiser l’âme et l’esprit. A nouveau, un long bâillement se fit entendre poursuivit de près par un vacillement de tête. La grande prêtresse ne tiendrait plus bien longtemps. Tournant la tête vers Nillviem, elle s’excusa de quitter son compagnon si précipitamment.

On ne peut nier les effets bénéfiques de nos plantes… Je ne connais de plantes aussi efficaces pour vous relaxer… Je suis tellement détendue que la fatigue engourdie tout mon corps. Je m’en vais donc, Prince Nillviem. Veuillez m’excuser pour ce faux bond imprévu. J’ai été ravie de vous voir en exclusivité, sans une horde de soldats ou de nobles en gravitation ! (rire)

Passez une bonne fin de soirée, cher Prince. Que la Lune guide vos pas.

Et se retirant aussi silencieusement qu’une ombre glissant sur le sol, Melindaë prit la forme de son totem et trotta rapidement en direction de ses appartements avant de sombrer dans un sommeil profond.
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