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| Sujet: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Sam 29 Nov 2008 - 20:59 | |
| Année 835 Semaine 10 - Jour 2 En soirée La bête bailla dans un long feulement, elle dévoila ses longues dents pointues et tranchantes, terriblement dangereuses. Pourtant, elle n'était guère sauvage, guère maléfique. L'animal s'étira, se campant sur ses pattes de derrière, alongeant à son paroxisme celles de devant, courbant le dos dans un grognement de plaisir. Puis l'étrange félin s'assit à nouveau et regarda ses alentours. Même pour le témoin invisible, la scène était des plus étrange. La bête était un frhar, une sorte d'immense chat vivant dans les montagnes. Mais ici, nulle montagne, un simple verger et une petite rivière qui serpentait entre les troncs. Il pleuvait à verse sur les arbres deffeuillés et triste de l'hiver qui menaçait. Pourtant la bête restait sans bouger sous son arbre protecteur. Elle avait déjà le poil mouillée, les pattes recouvertes de boue, mais tel un veilleur, l'animal restait immobile comme une statue, silencieux comme une tombe.
Combien d'heures le félin resta ainsi. Nul ne saurait le confirmer, mais une fois que le soleil prit sa course descendante, le frhar fit mouvement et se leva, marchant tranquillement sur les berges de la petite rivière, la traversant quelques fois à la nage quand il ne pouvait plus suivre l'un des bord. Puis quand il quitta l'onde quand le verger laissa place à une forêt des plus dense. Sous le couvert de ces arbres centenaires, la bête, par la plus fantastique des transformation disparut pour ne laisser que les traits d'un homme sous un capuchon noir. Rapidement, même pour l'oeil avisé, il disparut dans l'obscurité du sous-bois. Une bonne heure, d'un pas sur et alerte il continua sa course, jusqu'à trouver quelques animaux des plus communs dans cette partie du monde. L'homme s'agenouilla un instant, laissant le daim s'approcher, ne lui voulant aucun mal. Puis alors, l'homme se fit druide et demanda, dans la langue de l'animal
- Guide-moi vers les meilleures baies.
Le daim prit alors le pas de courses et l'homme suivit rapidement, quelques minutes ils courrurent ainsi, l'un suivant l'autre, jusqu'à un parterre de baies et de ronces. Le druide ramassa donc ce qu'il désirait. Malgré l'entrainement plus que militaire qu'il avait toujours reçu, il n'en restait pas moins un druide et tuer un animal était quelque chose à laquelle il ne pourrait jamais se résoudre. Il sortit des ronces, les mains pleines de baies, il en offrit au daim avant de manger les siennes. Cela lui suffirait. Depuis quelques temps, il ne mangeait guère plus, pourtant, cela ne le dérangeait pas plus que cela. Une fois le repas frugal terminé, il regarda l'animal partir pendant un long moment, avant que lui-même ne se transforme en ce frhar dont il ne montrait plus que l'apparence désormais. La bête se mit alors à bondir dans le sous-bois et galoper le plus rapidement possible, comme s'elle fuyait un ennemi. Pourtant, il n'y avait que quelques grosses gouttes qui tombait sur son poil blond.
Ce ne fut qu'au pied d'une petite coline fortement escarpée que l'animal s'arrêta. Il huma l'air, scruta le feuillage et le sous-bois puis d'un pas calme se rapprocha de la petite cascade, qui jaillissait là et qui offrait le nouveau départ à une petite rivière, ou plutôt tout juste un petit rui, large, mais guère rapide. La cascade était certes bien petite, mais suffisamment grande pour être à hauteur de son garot. Et en moins d'une seconde des plus étonnante, l'animal fit un pas et disparut. Envolé? Certes pas, il n'avait fait que la traverser. Une fois à l'intérieur, il s'ébroua, envoyant une myriade de goutelettes cristaline sur les parois sombres d'un petit tunel. Il avança un moment dans le noir, seuls ses yeux ambrés brillaient et le guidait. Il parvint à une petite cave, protégée de la pluie torrentielle, mais assez éclairée par un petit interstice. Puis la bête se coucha dans un coin sec. Il attendrait là le retour de la seule qui avait su mériter sa confiance.
Dernière édition par Lhacaran Draugion le Sam 29 Nov 2008 - 21:43, édité 1 fois |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Lun 1 Déc 2008 - 15:59 | |
| Le royaume des Nymphes semblait en fête ce soir là. Toute la journée, ces soeurs aux corps grâciles et ondoyant s'étaient affairées, telles des abeilles, préparant avec soin ce banquet que la Reine avait voulu leur offrir. Et, à peine les premiers rayons du soleil levés, ceux ci étaient venus nimber de leur chaleureuse aura ces silhouettes longilignes qui courraient d'un bout à l'autre de la forêt, laissant leurs mélodieux éclats de rire venir se mêler aux chants cristalins des oiseaux. Les Nymphes, toujours aussi joyeuses, gambadaient de sentier en sente, parcourant clairières et sous bois, illuminant de leur grâce infinie cette forêt qui était leur. Et, tandis que certaines d'entre elles ceuillaient, avec la plus grande déférence, ces fleurs chatoyantes qui orneraient bientôt leurs chevelures et l'ensemble de leur village, d'autres partaient en quête de ces baies et autres fruits et racines dont leurs estomac se régaleraient plus tard. La joie et la bonne humeur régnait dans les coeurs de ces êtres qui semblaient, du moins en apparences, si bien ignorer ces conflits qui rageaient pourtant si près d'elles. Le Monde semblait pris dans une impitoyable tornade meurtrière et assassine mais cela semblait ne jamais de voir les atteindre, ne jamais devoir les toucher. Ainsi étaient les Nymphes : parangons de douceur et de joie de vivre que nul ne pourrait jamais venir souiller ni même ternir.
Pas même cette Nature qu'elles adoraient et qui, soudain, se fit capricieuse. Le ciel se couvrit, étouffant dans son manteau cotonneux, le majestueux astre diurne qui disparut. La lumière si éclatante s'éteignit peu pour ne plus laisser la place qu'à cette grisaille bien maussade. Quelques instants après le ciel laissa ses larmes cristallines venir s'échoir si doucement sur ces terres encore ignorantes de ces torrents de sang qui innondaient, partout ailleurs, le Royaume. La voûte céleste pleurait mais les Nymphes ne semblaient en concevoir aucune déception ni même la moindre amertume. Au contraire les rires fusèrent de plus belle tandis qu'elles se pressaient, grâcieuses gazelles d'albâtre, de ramener au village les fruits de leurs diverses récoltes. Que le soleil brille ! Que la pluie vienne ruisseller sur leurs peaux de nacre ! Que le vent vienne danser et ébouriffer leurs longues chevelures ! Que Dame Nature s'amuse, les Nympes, elles, n'en rieraient que plus encore. Et si, au delà de leur royaume, les querelles engendraient moults et moults combats, alors elle riraient encore plus. Que les hommes s'entredéchirent et s'entretuent, elles, oui les Nymphes continueraient, plus que jamais, de célébrer la Vie !
Les secondes devirent des minutes, les heures passèrent et, si lentement, la nuit chassait peu à peu son frère, laissant les si vives lumières du crépuscule venir embraser le ciel pluvieux. Là bas un arc en ciel apparut et certaines Nymphes plaisantèrent légèrement, se demandant quel trésor pouvait bien se trouver au pied de cet arc de lumière. Puis, bras dessus bras dessous, les jeunes femmes s'en retournèrent à leurs préparatifs pour cette soirée qui promettait d'être mémorable. Non loin de là, légèrement en retrait de toute cette agitation, une bien mélancolique silhouette sortit enfin de cette pénombre dans laquelle elle s'était volontairement tapie. Ses prunelles, aussi limpide que cette pluie qui ruissellait sur la capuche de sa longue cape, suivirent cette joyeuse assemblée à laquelle la jeune femme ne se joindrait pourtant pas. Toute la journée, Awuial avait aidé ses soeurs Nymphes, riant de bon coeur avec elles et prenant un réel plaisir à décorer leur royaume pour ce si magnifique banquet où, cependant, personne ne la verrait. Elle savait que sa Reine la chercherait pour se laisser bercer par l'une de ces mélodies que seule la ménestrelle savait si bien faire naitre. Elle savait aussi que ses soeurs ne manqueraient pas de s'étonner de son absence. Certaines s'inquiéteraient sans doutes tandis que d'autres, plus malignes, ne manqueraient pas de deviner, ou du moins suspecter la raison de cette absence. Que pouvait il exister de si important aux yeux d'Awuial pour la pousser à délaisser ainsi ses soeurs ?
La jeune Nymphe laissa alors ses lèvres murmurer la réponse à cette question, confiant au dieu venteux son plus doux secret. Ce prénom qu'Eole enserra tendrement de ses mains intangibles pour mieux le laisser résonner dans toute la forêt. Lhacaran... Ce Druide qui avait, un beau jour, surgi dans la vie de la Nymphe et qui, depuis n'en était plus jamais ressorti. Pour le plus grand Bonheur de la si candide Nymphe qui avait trouvé en cet être, cet homme aussi bien que ce Frahr, le plus étrange certes, mais le plus délicat et délicieux des amis. Pour lui, pour le garder éternellement près d'elle, Awuial aurait pu tout renier, tout rejeter. Lui eut on demandé d'aller combattre le Mal lui même et de défier les dragons du néant qu'elle l'aurait sans doutes fait la si pacifiste créature. Même si la violence n'était certes pas son apânage. Même si se battre la répugnait plus que tout. Même si elle préférait donner sa vie plutôt que d'en prendre une seule. Elle n'était pas guerrière mais, pour lui et rien que pour lui, elle pourrait le devenir.
Awuial filait au travers de ces fourrés que son Frahr et elle avaient si souvent traversés ensemble. Elle courrait, vite si vite qu'elle semblait presque voler plutôt que marcher ,sur ce sol bien boueux à présent. Elle courrait et son coeur se mettait à battre un peu plus fort à chacun de ses pas, à chacun de ses mètres parcourus et qui la rapprochait de son seul, et si unique, ami. Déjà elle se languissait de leurs retrouvailles, de ces quelques moments volés à la Vie elle même, et pendant lesquels il pourraient, cachés aux yeux de tous et surtout de ses soeurs nymphes, si simplement être ensemble. Awuial ne comprenait, ni ne supportait plus d'ailleurs, cette méfiance que les siennes avaient conçue pour Lhacaran. Certes il était Druide, mais pourquoi l'assimiler aussi vite à ces êtres qui, jadis, avaient été leurs amis mais qui, aujourd'hui, n'étaient plus que des ennemis en puissance ? Pourquoi ne pouvaient elles donc voir ce qu'elle avait, si vite et si bien, perçu ?
Lhacaran n'était pas comme les autres ! Il suffisait de plonger dans son regard, se laisser hâper par ces prunelles abyssales, pour comprendre toute la tristesse et la mélancolie qui étaient siennes. Lhacaran souffrait et Awuial ne supportait pas de le savoir ainsi. Elle ne s'était jamais permise de poser la moindre question quant aux raisons d'un tel abyme en son âme, non jamais. La douleur est une chose bien trop intime pour qu'elle eut seulement oser s'en mêler. Si un jour son ami désirait lui en parler, alors elle serait là. Mais sinon elle se contenterait d'être auprès de lui et d'apaiser de son mieux ces souffrances indicibles qui le rongeaient tant et si bien qu'il préférait, le plus souvent, se faire Fhrar plutôt qu'homme. Et Awuial se laissait parfois aller à rêver qu'elle devenait magicienne et que, d'un simple sortilège, de simples mots et gestes, elle faisait disparaître à jamais les maux de son tendre ami. Mais les rêves ne sont que des rêves n'est ce pas ?
Sortant de ses éternelles songeries éveillées, les prunelles de la Nymphe vinrent à la rencontre de cette cascade limpide dont les eaux cristalines venaient, si étrangement, se mêler à celles de cette pluie digne du plus beau des déluges. S'assurant que nul ne l'avait suivie ni ne se trouvait aux alentours, la demoiselle usa de cette Magie qu'on lui avait inculqué et dont elle ne se servait qu'en de très rares occasions. L'eau était, à n'en pas douter, son élément préféré et celui qu'elle maitrisait le mieux. Ses lèvres s'entrouvrirent à peine, laissant quelques mots mélodieux s'élever dans les airs, puis, la cascade se tut un instant, fendant son rideau de pluie pour mieux dévoiler ces entrailles rocheuses dans laquelle Awuial s'engouffra sans la moindre hésitation. Parcourant ce petit tunel d'un pas plus que hâtif, la jeune nymphe parvint bien vite à cette patite cavité où, déjà, son ami l'attendait. Les yeux de la nymphe s'illuminèrent comme jamais tandis que ses lèvres laissèrent se déverser cette mélodie que Lhacaran aimait et qu'elle n'avait écrite que pour lui. Puis, lentement, elle vint s'agenouiller près de cet animal et laissa l'une de ses mains venir en caresser le pelage, soyeux malgré l'humidité. Aérienne main de nacre qui dispensait de bien tendres mais si fugaces et fragiles caresses. Puis, lasse de ce si long chemin qu'elle venait de parcourrir, la Nymphe s'étendit, venant se blottir tout contre ce Frhar qui, elle le savait, la protégerait toujours. Laissant sa tête venir reposer dans le cou si puissant de l'animal, elle y déposa un bien chaste baiser et lui murmura tendrement au creux de l'oreille :
- " Si tu savais comme la journée me fut longue sans toi Lhacaran ! Si tu savais comme il me tardait de venir te retrouver mon ami..."
Puis, tandis que son corps détrempé frissonait légèrement, Awuial entonna une autre de ces ôdes où les ravages de la Guerre et la Folie des Hommes s'effaçaient si bien. Simple mélodie dictée par le coeur de cette Nymphe et où tout n'était plus alors que douceur, amour et sérénité.
Dehors le Monde s'écroulait, mais là, dans cette grotte, une Nymphe chantait pour son Druide. |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Mer 3 Déc 2008 - 18:48 | |
| C'était sous cette forme que le druide se complaisait à rester. Il n'avait pas autant de remise en question que l'homme pouvait avoir, il restait plus animal, ne pensant qu'à sa journée, qu'à ce qui l'attendrait le soir, où dormir et que manger. Druide humain, il aurait l'esprit tourné vers le passé, souffrant des choses commises, des actes ratés, des décisions qu'il n'aurait pas du avoir. Ainsi, il chassait toutes ses idées noires et personne ne lui posait de question. Il pouvait ainsi imaginer les plaines qu'il avait déjà traversé, revoir les fleuves, les montagnes déjà franchies ou traversés. Il ne ressentait plus, sous sa forme animale tous les malheurs qui l'accablaient.
Mais donc en ce soir pluvieux d'une saison bien morne, il n'y pensait guère préférant se chercher à se réchauffer, à se sécher dans cette petite grotte naturelle. Il aurait si facilement pu allumer un petit feu, magiquement ou non, mais le fhrar n'était pas de ceux qui utilise la magie à tout bout de champs, si on pouvait le faire avec ses propres mains, alors il le ferait, sans utiliser sa magie. Il se savait trop attiré par les précepts de facilité des humains et ne voulait pas tomber dans ce piège. Aussi resta-t-il de marbre face au léger tremblement qui parcourrut son corps. C'était le temps qu'il ne sèche, après, cela ira tout seul. Et puis sa fourrure était bien assez épaisse.
Regroupé sur lui-même il attendait la venue de la belle nymphe. A chaque fois qu'elle posait le regard sur lui, il avait l'impression qu'elle lisait en lui. Il n'avait pas besoin de lui parler pour se sentir bien, sa présence lui suffisait, lui permettait d'oublier tant et tant. Elle était un rayon de soleil dans son ciel bien noir et pluvieux. Un jour peut-être il oserait lui dire ce qu'il ne pouvait pour le moment que garder en lui, secret. Awuial était cette innocence, cette joie de vivre qu'il avait toujours voulu posséder, il avait voulu être quelqu'un d'aussi vivant, d'aussi aimable, mais aujourd'hui, il n'était qu'une ombre en fuite, que le reflet de lui-même, un corps vide, un esprit presque détruit.
Un bruit soudain le fit relever la tête, les muscles de la bête se bandèrent prêts à sauter sur l'intrus ou l'imposteur, mais rapidement l'animal reconnu le délicat bruit étouffé et léger des petits pieds de la nymphe et le fhrar se détendit, restant couché, le regard félin étincelant vers l'entrée de cette petite cave. Elle était donc revenue, elle n'assisterait pas à la fête. D'un côté, il était heureux de la retrouver, d'un autre, il aurait voulu qu'elle y assiste pour faire preuve de son talent musical, et montrer qu'elle tenait en ses soeurs. Mais il n'aurait guère apprécié passer toute la soirée seul à l'attendre. Il savait qu'il ne devait pas se montrer égoïste, mais savoir la nymphe avec lui égayait son coeur.
Elle se mit à entonner un air qu'il connaissait sur le bout des doigts mais qu'il n'avait jamais chanté lui-même pour ne pas venir troubler la douce voix magnifique de la nymphe. Elle s'agenouilla près de lui et lui caressa la tête, il éleva cette dernière comme pour en demander plus, ronronnant, félin qu'il était pour montrer qu'ici, en ce moment, il oubliait toutes les misères du monde. Elle vint blottir son corps d'albatre contre sa fourure épaisse, cherchant probablement une chaleur que le temps dehors ne permettait pas. Alors Lhacaran se serra à son tour contre elle, lui offrant toute la chaleur que lui pouvait lui offrir. Oui, elle lui avait manqué, et bien plus que cela.
Il était vrai qu'il se sentait des plus seuls si elle n'était pas là. C'était comme si sa vie dépendait de la voir gaie et heureuse, riant, chantant à coeur joie. Elle était tout ce qu'il ne pouvait pas être et cela coloriait son coeur meurtri. Oui, il était heureux quand elle était avec lui, il en oubliait tout ce qui pouvait se passer autour. Oui, la journée avait été bien longue, il n'avait pas bougé du verger de toute la journée. Il avait veillé toute la journée sur la forêt, sur ce petit bout de bois, le temps qu'elle revienne et ce n'était qu'en soirée qu'il était venu ici, quittant son post. La forêt des nymphes était son sanctuaire et le druide n'aurait pas permis qu'on la souille ou que l'on se joue d'elle.
Mais la nymphe tremblait toujours, son poil mouillé, et l'air frais de la caverne ne devaient guère aider. A regret, il se leva donc, marcha d'un pas las vers un autre coin de la cave pour reprendre sa forme d'homme et ramasser un peu de bois mort qu'il avait mis là avant la saison des pluies. Puis, sous cet interstice tout en haut de la caverne, il alluma un petit feu en un rien de temps. Le désir de savoir créer un plus grand, plus important, plus puissant feu le prit d'assaut, mais intérieurement il combattit cette idée, repoussa l'avarice. Il attendit un moment pour être sur que le feu ne prenne puis leva les yeux sur la nymphe. Il avait toujours eu ce doute que sous sa forme humaine, il lui faisait peur.
- Tu vas prendre froid à courir sous la pluie. La Reine m'en voudra encore plus de te rendre malade. Comment va-t-elle? J'aurai préféré qu'elle ait une belle soirée, sans pluie, la forêt aurait été plus joyeuse et j'aurai entendu vos rires.
Comme à chaque fois, sa voix était à peine murmurée, rauque. Il ne parlait que rarement depuis quelques années et sa voix se faisait difficile. Il se plaça de manière à n'avoir qu'un morceau de son visage à la faible lumière de ce petit feu. Ses vêtements étaient trempés et il n'avait pas le pelage du fhrar. Lui-même se mit à trembler. Alors il préféra reprendre la forme animale, juste assez pour se sécher ou peut-être pour le restant de la soirée. Qu'en savait-il pour le moment. Il ferait ce que préférerait Awuial. Ils pouvaient passer des jours entiers sans parler, juste être présents, cela leur suffisait, mais de temps à autre, une longue conversation à peine sussurée était agréable. |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Mer 3 Déc 2008 - 22:27 | |
| Le Monde n'avait cessé de tourner et, quelque part loin de cette si petite grotte, le temps continuait de filer, si inlassablement, si inéluctablement aussi... Partout dans le royaume de Gwendir les peuples se déchiraient, s'entretuaient et venaient souiller du sang des leurs et de leurs ennemis, le sol de ce Monde qui était leur mais auquel il ne prêtait plus la moindre importance. Les saisons s'enchainaient doucement, le Temps accomplissait son oeuvre et le coeur des Hommes, lui, n'en devenait que plus dur et insensible encore. Le Temps s'égrénait et les Hommes oubliaient, devenant, chaque jour, un peu plus amnésiques. Ils oubliaient, tous ces peuples à présent en guerre, que jadis ils avaient été alliés et, même, amis. Ils ne se souvenaient plus de ces moments de grâce et de Paix où leurs bras ne se faisaient ni armés ni vengeurs mais juste secourables et puissants pour soutenir leurs voisins. La Guerre avait vu le jour et, depuis, le Monde n'était plus qu'une nuit éternelle où tant de crimes ôdieux étaient commis en toute impunité ! La Guerre s'était éveillée et elle avait insufflé dans les coeurs cette peur et cette haine qui poussaient maintenant tant d'êtres à se heurter, à se tuer même souvent. La Guerre, perfide maitresse, qui avait enjôlé les corps et avilli les âmes, même des meilleurs des hommes, ne laissant dans son sillage que mort, destruction et atroce souffrance ! La Guerre s'était dressée et le Monde, lui, se mourrait lentement.
Pourtant il était encore un lieu où tout cela n'avait pas encore cours. Un si infime et si fragile endroit où le soleil pouvait encore luir et resplendir à son zénith, réchauffant de sa bienveillante aura des terres encore si vierges de toute violence. Pauvre petite forêt où quelques êtres, quelques Nymphes, tentaient désespérément de ne pas prendre part à ce conflit qu'elles ne cautionneraient jamais et auquel elles se refusaient à prendre part. Les Bois étaient leur refuge et elles y restaient isolées, profitant de ce dernier Eden encore debout. Içi les hurlements des champs de bataille ne pénétraient jamais. Là, les armes n'étaient pas de mise et laissaient la place aux plus délicats des trésors. Içi la Nature, seule, régnait et celle ci se faisait douce et presque maternelle protectrice, veillant jalousement sur ses enfants, ces fleurs faites femmes dont la candeur n'avait d'égale que leur grâcile beauté. Les Nymphes n'étaient à nulles autres pareilles et quiconcque venait à en croiser le chemin s'en trouvait aussitôt, et souvent pour longtemps si ce n'est même à jamais, profondément marqué. Devant la plus féroce des colères, leurs sourires innocents, leurs regards emplis de sérénité et d'amour, devant leur si parfaite joie de vivre, oui, devant tout cela même la plus terrifiantes des rages finissait par s'étioler. Si le peuple de la petite ménestrelle était magicien ce n'était pas tant par ces pouvoirs, qu'il tirait de l'essence même de leur Mère Nature mais par ce don inné que ce peuple avait de pouvoir, sans même le chercher, apaiser les pires maux, les pires souffrances.
Et, ce soir là, dans l'intimité d'une si petite et froide grotte, l'un de ces êtres à la pureté angélique presque irréelle chantait. Ses mots s'élevaient dans les airs, cristallines notes qui venaient même émouvoir cette Nature qui regardait, d'un oeil attendri, l'une de ces infantes s'éveiller à quelque chose qui la dépassait encore la petite ménestrelle. La Nymphe ne comprenait pas encore ces émotions et ces sentiments que ses chants, eux, évoquaient déjà si bien. Frêle créature, poupée de cristal qui était venue se blottir entre les pattes si puissantes de ce Frhar et qui s'y blotissait tout comme une maitresse l'eut fait dans les bras de son aimé. Awuial savait que l'animal effrayait souvent et qu'il aurait pu la déchiqueter de ses crocs acérés mais elle ne le craignait pas. Jamais le Frhar ne l'effrayerait et, la seule chose qu'elle redoutait à son sujet, était de le voir, un jour, s'éloigner d'elle à jamais. Alors, comme pour chasser ces bien sombres pensées, la beauté de nacre se blottit plus encore, si près de l'animal qu'elle pouvait, au travers de ce puissant poitrail félin, sentir si calmement palpiter le corps de l'homme qui se cachait encore. Cet être qu'elle adorait mais qui, même depuis qu'ils se connaissaient, préféraient se faire Frhar plutôt que Druide, animal plutôt qu'homme.
La Nymphe avait les yeux mi clos, se laissant bercer par ce coeur d'homme qui semblait battre à l'unisson avec le sien. Ses mains d'albâtre vinrent à nouveau se perdre dans l'épaisse fourrure de l'animal, lui prodiguant de bien tendres caresses. Puis elle sentit son Frhar se lever et se redresser doucement pour ne pas la brusquer. Désserant sa si légère étreinte, laissant son ami se lever, Awuial se tut, observant, toujours un brin surprise et émerveillée, cette mutation qui faisait s'estomper l'animal pour mieux laisser l'homme apparaitre. Sans qu'elle ne puisse seulement rien y faire, les joues de la Nymphe s'empourprèrent soudainement, et son regard se fit bien timide alors qu'ils osaient regarder cet homme qu'elle ne voyait que si peu. Ses prunelles s'animèrent d'un feu qu'elle ne se connaissait pas, son corps commença à, si imperceptiblement pourtant, se réchauffer et ce avant même que son ami n'ait fait naitre un bienrevigorant feu de joie. Awuial plissa légèrement les yeux , tentant de distinguer enfin les traits de ce visage qu'elle n'apercevait que trop peu souvent. Mais Lhacaran semblait se cacher, fuit le regard de la jeune femme, préférant se tenir dans l'obscurité de la grotte, fuyant la lumière de ce feu qui l'aurait si bien révélé à celle qui, pourtant, ne demandait pas mieux que de le connaitre. Si seulement il avait su ! Combien de fois la petite poupée de verre s'était elle surprise elle même à murmurer son prénom ? combien de fois eole était il venu ceuillir de ces mains venteuses ces mots qu'elle avait entonné pour lui, ces secrets que, même ses plus belles chansons, ne parvenaient pas encore lui avouer ? Oh oui ! Nombreuses avient été les fois où la Nymphe avait presque imploré le majestueux Zephyr de se faire complice de cet émoi qu'elle ne comprenait pas, lui confiant ces tendres paroles que, ce soir encore, elle ne parvenait pas à prononcer !
Si seulement Lhacaran avait pu comprendre à quel point il lui importait et combien sa présence auprès d'elle lui était devenu indispensable. Awuial aimait tendrement ses soeurs et cette Reine qu'il évoquait à présent de sa voix rauque et ensorcellante. La jeune femme était, le plus sincèrement du monde, attachée à son peuple mais pas autant qu'elle était attachée à ce Druide. Pas aussi tendrement non plus. N'était il là que sa présence lui manquait et que, déjà, elle se languissait de le retrouver. Etait il loin d'elle que son esprit vagabondait par delà les plaines, espérant pouvoir le retrouver et, ainsi, mieux veiller sur lui. Elle n'était pas guerrière, elle n'était qu'une simple Nymphe qui n'aspirait à rien d'autre que de vivre paisiblement auprès de cette Nature qui lui était si chère. Elle n'était pas l'une de ces puissantes magiciennes devant lequel les hommes semblaient se plier. Elle n'était pas non plusl'une de ces femmes fatales auxquelles nul ne peut résister. Awuial était tout simplement elle même et cela lui suffisait. Mais pour lui, pour cet homme dont le regard était plus profond et abyssal que celui du Frhar, elle aurait aimé être tellement plus la ménestrelle à la voix d'or ! Elle se serait voulu magicienne pour pouvoir, à jamais, faire disparaitre cette mélancolie et cette souffrance qu'elle sentait si présentes en son ami ! Elle se serait même voulu gurrière aguerri pour pourfendre de cette lame qu'elle ne saurait pourtant jamais tenir, ces êtres qui aaient rendu si sombre l'âme de ce Druide qu'elle chérissait plus que tout ! Mais elle ne serait jamais cela, elle ne le pouvait pas même si, de temps en temps, l'envie la taraudait presque. Nymphe douce et candide elle était née et c'est ainsi qu'elle périrait un jour aussi.
- " Le ciel peut bien pleurer toutes ces larmes que cela ne viendra pas ternir pour autant ternir la fête de ma Reine, rassures toi. Mes soeurs riront et leur soirée sera des plus délicieuses, je te l'assure. Et que m'importe bien de prendre froid si cela me permet d'être à tes côtés ? "
Les mots de la jeune vestale de cristal s'étaient parés du plus gracieux rire tandis que sa fine silhouette se redressait lentement pour venir se rapprocher de ce feu qui la séparait encore de Lhacaran. Ses gestes se firent aussi lents et précautionneux que lors de leur rencontre près de cet étange où ils retournaient bien souvent depuis. Ce jour là c'était l'animal qu'elle avait voulu approcher pour mieux apprivoiser, ce soir c'était l'homme qu'elle voulait amadouer. Elle fit un pas, un autre, se rapprochant encore plus de ce feu dont les flammes venaient danser au fond de ses prunelles limpides. Les traits de l'homme se faisaient plus distincts et Awuial put en discerner la finesse et la beauté particulière, singulière, comme figée dans le marbre le plus froid. Un instant elle suspendit sa marche, effrayée par cet être, cet homme, qui la faascinait et la faisait chavirer aussi surement qu'il l'intriguait. Mais déjà le Druide reculait et se transformait a nouveau en cet animal qui, toujours, protégeait sa Nymphe. Alors celle ci, se surprenant même de son audace, s'approcha et vint s'agenouiller devant son ami animal et lui caressant doucement, et si tendrement le pelage, laissant son regard se fondre au sien, elle lui sussura d'une vois étrangement plus chaude que d'habitude :
- " Ne me fuis pas Lhacaran... J'aime le Frhar que tu es ey je le chérirais toute ma vie. Il est mon plus fidèle ami, mon plus fidèle compagnon. Pourtant... Pourtant ce soir c'est au Druide, à l'homme que tu es aussi, que je souhaiterais parler. Lui aussi je l'aime... "
Puis la Nymphe passa ses bras autour du cou de l'animal et, de nouveau, laissa son chant céleste s'élever vers les hauteurs infinies du ciel. La tête posée contre son Frhar, la belle chantait, charmant de ses mots et de ses notes si pures cette Nature à qui elle ne cessait de rendre hommâge dans ses ôdes. Alors celle ci se fit bienveillantes : ses fils venteux et contonneux, émus par cet Ange diaphane, cessèrent de pleurer et se firent plus légers que jamais, dansant gracieusement sur cette mélopée divine qu'une Nymphe offrait à un Frhar. Les nuages s'estompèrent laissant la lune argentée venir, si doucement et discrètement, nimber de son pâle manteau ces deux être sur le point de se découvrir sous un nouveau jour. La Nature laissa Zephyr courrir au delà des plaines et répandre cette rumeur dont les deux amis étaient les acteurs principaux sans pourtant même s'en douter encore le moins du monde. Ce soir, dans cette grotte et d'une si belle amitié, c'est l'Espoir qui renaissait doucement et si tendrement. |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Jeu 4 Déc 2008 - 17:54 | |
| Les paroles de la nymphe le figèrent brusquement. Le froid l'envahit sans crier gare, sans une once d'avertissement. Une telle demande. La nymphe ne lui avait jamais demandé de prendre sa forme humaine, forme qu'il n'aimait guère en ces temps. Pourquoi le druide et non pas l'animal? Il comprenait tout aussi bien étant Fhrar que homme. Un nouveau chant s'éleva, plus irréel qu'à l'accoutumée et dans une longue et presque éternelle minute, le fhrar ferma les yeux, tue tout mouvement et tout son pour l'écouter, pour que ses paroles aériennes s'élèvent en volutes intemporelles. Il se serait cru dans un merveilleux rêve presque éveillé s'il n'avait pas les bras de la jeune nymphe autours de son cou. Le félin ne chercha pas même à interrompre ce chant fabuleux. Encore une seconde infinie avant de laisser l'homme prendre la place de l'animal, lentement, doucement, ne voulant l'effrayer. Il ne connaissait trop bien l'appréhension des nymphes face à tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un homme. Et la savoir si proche, trop proche pouvait l'apeurer, ce qu'il ne voulait pas le moins du monde. Être si proche d'un feu et se sentir si froid, pourquoi tremblait-il? Est-ce que c'était lui qui avait peur de la nymphe?
Contre sa joue, il pouvait sentir la soie de ses longs cheveux, contre son épaule, il pouvait deviner le visage d'Awuial qui continuer à chanter si merveilleusement bien et dans son dos il y avait les douces mains graciles de la jolie chanteuse. Il leva sa propre main au niveau de son visage, la fixant à la lumière du maigre petit feu, mais il la reposa bien vite sur son genou. Lhacaran ferma les yeux un long moment, les doutes, les remises en question, les malheurs, les douleurs, tout cela s'échappait avec la voix de la nymphe et il s'apaisait lentement. Il serait resté ainsi des heures et des heures durant, mais alors qu'il avait sa forme humaine, celle des druides, celle de son peuple, celle dont il était sensé vivre et parcourir le monde presque uniquement, il se sentait des plus mal à l'aise. Il avait beau repousser ses pensées, ses souvenirs, tout cela ne faisait que revenir pour l'assaillir en de nombreuses vagues incessantes, terribles et torturées. Pourquoi voulait-elle lui parler à lui, Lhacaran druide qui avait fui son propre peuple? Alors de ses mains qu'il ne savait que faire, il les posa doucement sur les épaules frêles de la nymphe et sans vouloir l'offenser il la repoussa. Son visage quitta la chaleur du feu pour se fondre dans l'obscurité.
- Awuial...
Ce qu'il voulait dire, il n'arrivait pas même à le prononcer. Il voulait savoir ce qu'elle voulait lui dire, il voulait connaître et comprendre pourquoi elle voulait lui parler à lui, et ne le pouvait pas à l'animal. Ils n'étaient qu'une seule entité pourtant. Elle savait qu'il n'aimait guère être ainsi devant elle, devant une nymphe, devant tout le monde. Il rejetait au plus profond de lui cette nature humaine. Les choses, les sentiments, les émotions qu'il ressentait. L'attirance du pouvoir, la volonté d'être plus fort. Il n'avait jamais voulu cela, mais c'était bien ce que son cœur commanditait. Il voulait absorber plus de magie qu'il n'était possible, il voulait devenir un mage, un grand mage, le plus grand des mages. Mais il savait que cela affecterait la terre de Gwendir, que cela détruirait ce qu'il avait mis tant de temps à construire fébrilement. Alors le mage se redressa et lâcha à regret les fines mains de la nymphe. Il se détestait pour cela, mais il préférait être couard et libre plutôt que puissant et méprisé des êtres qu'il aimait. Il alla se fondre dans les Ténèbres d'un recoin de la caverne, loin du feu, loin de la chaleur, loin de ce qui pouvait faire battre son cœur.
- Je ne te fuis pas Awuial. Tu sais bien que... je ne m'aime pas ainsi. Je sais c'est égoïste, je te laisse toute seule quand je suis entité animale, mais...
Pensées macabres, souvenirs détestables, cela l'assaillaient plus qu'autre chose. Il voulait tant faire plaisir, tant donner un sourire sur le doux visage de la nymphe qu'il accepterait n'importe quoi. Voilà également une des raisons pour laquelle il s'interrompit de lui-même, ne finissant guère ses paroles. Docilement, il revint vers la nymphe, s'agenouilla près du feu, laissant ce dernier entre lui et elle. Désormais la faible lumière inondait son visage et il eut du mal à soutenir son regard. Il avait toujours son air impassible, comme figé dans du marbre. Avait-il déjà connu ce qu'était la joie ou la tristesse? Aussi loin que pouvaient remonter ses souvenirs, il ne saurait le dire. Changer de sujet, faire comme si de rien était.
- S'il t'arrivait d'attraper mal, je m'en voudrais de t'avoir fait courir sous la pluie. Le palais est loin d'ici, et puis toute la journée tu as du danser, vagabonder avec tes sœurs... J'aurai aimé être avec toi et te voir... Dis-moi, comment est décoré le palais? |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Ven 5 Déc 2008 - 22:07 | |
| Que, partout dans le Royaume de Gwendir, les Hommes continuent donc de guerroyer ! Qu'ils laissent leur ire se déchainer et leurs armes si mortelles se brandir ! Qu'ils éructent, de leurs voix éraillées et rauques, leurs menaces grondantes et qu'ils lacèrent, tranchent et pourfendent ces êtres qui, pourtant et jadis, étaient comme des frères pour eux ! Que le Monde entier sombre dans cette Folie, décidément bien meurtrière, qui s'était dressée dans l'ombre de sa soeur la Guerre ! Que ces deux femmes enragées envoûtent, de tous leurs si effroyables maléfices, ces Hommes qui méritaient peut être bien leur funeste sort après tout ! Qu'ils succombent, ces si faibles créatures, aux caresses et autres paroles, enjôleuses autant que venimeuses, que ces deux bien tentantes émissaires du Mal leurs prodiguaient si habilement et si généreusement aussi ! Qu'ils propagent eux mêmes cette Mort qui, un jour prochain, finirait par tous les étreindre dans son, si épais et étouffant, manteau de ténèbres glaciales ! Qu'ils fassent donc... Qu'ils oublient qu'un jour avait été où ils méritaient encore d'être nommés des Hommes... Qu'ils oublient qu'un jour ils avaient eu une âme et une conscience... Qu'ils en oublient tout au point même de ne plus se souvenir que, jadis, ils avaient su aimer...
Qu'ils oublient tous... Peu importait car, ce soir là et dans ce lieu reculé, c'est une bien autre guerre qui se tenait. Pas l'une de celles où les hargnes et les rancoeurs se heurtaient si violemment, si âprement. Pas l'un de ces conflits d'où ne jailliraient jamais que des flots de sang rubicond et qui ne laisseraient derrières eux que corps sans vie, souffrance et peine. Non, rien de tout cela ne se trâmait, ni ne se trâmerait jamais, entre ces deux êtres qui se rapprochaient, si lentement, l'un de l'autre. Deux êtres que la vie semblait devoir opposer mais qui, contre toutes attentes, s'étaient si parfaitement trouvés. Le Druide était un homme jugé sombre, tourmenté et nombreux étaient ceux qui refusaient de croire qu'il s'était réellement éloigné des siens, qu'il avait renoncé à toutes ces pulsions que les siens nourrissaient toujours... un jour ou l'autre. Envie de puissance, de pouvoir et de renommée... Un être tel que ce Lhacaran pouvait il, en toute sincérité, prétendre y avoir définitivement renoncé ? Et pour quelle raison ? Cette jeune femme, cette Nymphe ? Comment cela se pourrait il ? Impossible ! Là où il n'était que force et puissance encore contenues, là où il n'était qu'apparences et faux semblants, elle, en revanche n'était que pure limpidité, pure candeur ! La Nymphe n'était pas faite pour lui, cela ne se pourrait jamais ! Awuial était la plus exquise des fleurs et bien des hommes se seraient certainement jurés prêts à combattre les plus féroces dragons pour avoir le droit de caresser ses pétales à peine éclos, hûmer le si délicat parfum de cette fleur sauvage et encore si innocente. Oui, sans doutes, l'attrait et le charme, si involontaires, de cette troublante vestale eurent pu avoir raison de bien des tourments, de bien des maux, de bien des coeurs.
Mais Lhacaran était encore pire que tout cela ! Même sa si chère Nymphe ne pouvait seulement deviner les si terrifiants cauchemards, les si épouvantables fantômes qui ne cessaient, et ne cesseraient peut être jamais, de venir hanter cet homme pour qui elle éprouvait un si tendre sentiment. Awuial ignorait tout de sa si sanglante histoire mais, l'aurait elle seulement su, que cela n'aurait sans doutes rien changé. La jeune femme regardait le Frhar et son hôte humain avec des yeux limpides et rieurs. Un regard qui jamais ne jugeait. Un regard qui faisait si bien fi de ces apparences terrifiantes que l'animal pouvait, sciemment, laisser paraitre ou de celles, si nébuleuses, que l'homme persistait à afficher même en son unique présence. La ménestrelle ne voyait pas les lueurs sombres de ces regards, elle ne voyait même plus la rage qui pouvait y couver, ne demandant qu'un prétexte pour se dresser. La Nymphe posait sur son ami ses prunelles couleur de perle mais... c'est avec son coeur qu'elle le regardait réellement. Ce même coeur qui, en l'instant présent, battait si fort en son sein diaphane. Tellement fort et tellement vite que la jeune femme laissa l'une de ses mains venir y reposer en un geste rassurant. Etrange émoi qui s'éveillait en elle sans qu'elle puisse seulement le comprendre mais qui les surprenaient si bien, son petit coeur et elle. La main diaphane et tatouée vint se poser sur cet emplacement où son coeur se découvrait des ailes et y demeura, comme pour le supplier de ne point s'emballer, de ne point céder à ce torrent d'émotions qui, si elles se mettaient à déferler, finiraient par la submerger, de la plus tendre des façons certes, mais qui entraineraient alors la jeune vestale sur des rives si éloignées de celles qu'elle arpentait habituellement qu'Awuial en avait encore peur. Pourtant... Pourtant le coeur n'a t'il point ses raisons que même la raison ne peut comprendre ?
Eut elle connu cette maxime que, peut être, la jeune femme eut elle pu comprendre ce à quoi elle était en train de s'éveiller. Mais Awuial ne comprenait pas. Elle ne comprit pas ce trouble qui la saisit, la faisant si délicieusement frissonner, lorsque, répondant à son invitation, l'Homme fit place à ce Frhar qu'elle enlaçait si innocemment. D'un seul coup, un seul, ce fut le corps de Lhacaran qu'elle sentit contre le sien : la toile de ces vêtements derrière lesquels elle sentait, déjà, palpiter un coeur humain. Et ses mains opalines enserraient et caressaient, non plus un doux et épais pelage animal, mais le dos puissant du Druide. Et son visage se nichait tout contre cette peau, à la base du cou, qu'elle découvrait pour la première fois. La ménestrelle continuait de chanter mais sa voix tremblait légèrement devant ce trouble qui la saisissait alors, devant cette envie qu'elle avait de fuir ce contact si inattendu, si dérangeant... mais aussi tellement doux et réconfortant. Jamais la jeune femme n'avait connu la chaleur des bras d'un homme. Jamais, non plus, n'avait elle connu ce presque bonheur qu'elle éprouva, lorsque ses lèvres de velours, continuant de chanter, vinrent se poser en de fugaces et aériens baisers au creu de cette nuque virile. Awuial se sentait perdue mais cela ne l'effrayait pas même. Elle avait toujours aimé se pelotonner entre les pattes du Frhar et elle découvrait, encore timide et indécise, le plaisir de se glisser entre les bras du Druide. Elle rougissait et ses joues étaient semblables aux plus délicats des pétales de roses à peine écloses.
Mais, déjà, le charme se rompait et, contrairement aux propos qui suivirent, son ami la repoussait doucement pour mieux la fuir. Il la délaissait et l'abandonnait pour s'en aller rejoindre cette obscurité, seul lieu où l'homme Lhacaran semblait pouvoir se tenir sans en souffrir. Awuial eut soudain si froid qu'elle se recroquevilla sur elle même, laissant ses bras menus venir encercler ses genoux en un geste protecteur. Ses longs cheveux vinrent un instant voiler son visage et, ainsi, dissimuler cette perle cristalline qui venait de poindre au coin de son oeil de biche. Pour l'une des toutes premières fois depuis leur rencontre, la jeune femme se sentit triste. Alors son regard luisant de larmes s'éleva doucement et partit à la rencontre de celui de son si tendre ami. Quelques intants la Nymphe scruta l'obscurité avant de parvenir à le trouver, lui, cet homme qui venait de bouleverser une nouvelle fois son existence. Lhacaran ... Elle ne voulait pas le forcer, elle ne voulait pas lui imposer cette forme humaine qui semblait tant le dégouter de lui même... Elle voulait tant de choses pour, et avec, lui... Tant de rêves qu'elle aurait voulu insuffler en son esprit et en son coeur... Tant d'espoir pour mieux chasser ces doutes et ces peines qu'elle ressentaient presque comme si elles étaient siennes ! Awuial voulait bien des choses pour Lhacaran mais certes pas le blesser.
Un moment la main de la jeune femme voulut se lever vers lui et l'inviter à venir la rejoindre mais elle n'osa pas, refusant de le brusquer une nouvelle fois. Alors elle retint son bras. Tout comme elle fit taire ces mots qui luttaient pourtant si vaillemment pour pouvoir s'écouler de ses lèvres vermeilles. Awuial brûlait de les dire mais savait que le moment n'était pas encore venu et qu'il ne le serait peut être même jamais. Et les propos de son ami achevèrent de la convaincre du bienfondé de sa décision. Si Lhacaran avait consenti, pour elle, à demeurer homme il ne semblait guère prêt à plus pour le moment. Déjà ses paroles déviaient et il revenait sur ce sujet qu'il connaissait pourtant si bien. La fête de la Reine ? La décoration du Palais ? Awuial sourit tendrement tout en commençant à lui conter ce qu'il savait, pourtant, déjà. Lui qui était l'un des rares à avoir jamais pu assister à tel événement... C'était l'époque où la Guerre ne grondait pas encore et où leurs peuples ne se détestaient pas. Epoque bénie où Awuial pouvait si facilement laisser son bonheur s'afficher lorsqu'elle osait, alors, amener son Druide en son village. Et alors il avait vu, cet homme Frhar, ces beautés qu'elle lui décrivait à présent. Lhacaran avait vu ces innombrables guirlandes de fleurs qui décoraient le village et le palais. Il avait vu ces tenues, diaphanes et translucides, que ses soeurs et elles revêtaient alors. Il avait hûmé le parfum de ces fleurs qui ornaient leurs chevelures de soir, les tables de ce banquet où il avait été convié lui aussi. Awuial s'allongea alors doucement sur le sol, laissant son visage se perdre à son tour dans les ténèbres, puis elle entonna cette ôde qu'elle avait pensé écrire pour sa Reine, cette mélodie qu'elle avait prévu de chanter, ce soir là, pour divertir ses soeurs. Cette symphonie, qu'à présent qu'elle la chantait, Awuial réalisait n'être destinée qu'à ce Druide qui était à ses côtés et dont, sans même y songer, elle venait de saisir la main. La tête de la Nymphe vint se poser dessus, aussi légère qu'une plume puis ses lèvres y déposèrent le plus chaste des baisers avant de lui demander :
- " Toi qui as voyagé... Toi qui as vécu... Toi qui sais ce que j'ignore encore... Peux tu me dire ce qu'est donc cet "Amour" dont tout le monde parle ? Est ce si magnifique qu'on le prétend ? Dis moi Lhacaran... Dis moi ce qu'il en est ... Je t'en prie... " |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Sam 6 Déc 2008 - 21:36 | |
| - Je ne sais pas, Awuial... Je ne sais pas, car je ne l'ai jamais ressenti.
Non, jamais. Il n'avait jamais aimé. Ni son père, ni sa mère, ni sa famille, ni même sa femme. Et tant et si bien qu'il avait appris à l'apprécier, ce qui aurai pu s'être transformé en un début d'Amour, lui avait été ravi, d'une manière la plus ignoble qu'il soit. Pourquoi posait-elle cette question si impromptue? Le regard de Lhacaran se perdit dans les ombres en face de lui, passé ce feu, le long des pierres froide de cet abri naturel. Il redoutait connaître déjà la réponse. Cela ne se pouvait... Non, il se faisait des idées. Pourquoi la nymphe... Pourquoi maintenant? Non, c'était impossible, encore une épreuve que Mère Nature et le Dieu tout puissant Mani lui imposaient. Une épreuve d'innocence, de pouvoir, d'honnêteté. Pouvait-il la réussir sans y échouer, sans perdre ce qu'il avait de plus cher? Il s'imaginait tant de choses. Ce n'était pas bon de réfléchir trop. Il n'avait plus l'habitude, ses pensées semblaient si incohérentes. Ces dernières années, il avait fui la réflexion, s'était cantonné à sa forme animale, survivre et rien de plus. Mais si aujourd'hui, il y avait une autre raison? Non, il se faisait trop d'idées, trop d'illusions.
Il soutint cependant la tête si légère de la jolie nymphe dans sa main. Il aurait été bien incapable de la retirer. Non pas qu'elle la lui retenait, mais parce qu'il ne voulait pas qu'elle soit sur le sol bien froid de la petite cave. Cette même caverne qui était devenue leur refuge. Là où personne ne pouvait les voir, là où ils étaient à l'abri de tout mal, là où il pouvait se perdre dans une ombre, oublier qui il était. Là où désormais Awuial se comportait si étrangement. Le monde était en guerre. D'un côté les hommes et leur soif de pouvoir, de l'autre les résistants qui voulaient une paix durable, une paix entre les peuples. Les druides avaient rejoint la cause des hommes alors que les nymphes restaient éternelles indécises. C'était peut-être mieux ainsi. Peut-être devait-il prendre exemple sur elles? Non, non. Dans toute bataille il fallait prendre un parti, sinon, c'était la mort assurée, la destruction pure et simple. Choisir un camps. Il était tellement attiré par le pouvoir des hommes, ce que les mages pouvaient créer contrôler. Il donnerait tellement cher pour pouvoir revenir en arrière, sauver sa femme, devenir quelqu'un et non une ombre et un reflet.
Le druide se secoua la tête, ferma les yeux si fort qu'il en eut mal, non, il ne pouvait pas, il devait arrêter de penser à ce pouvoir qui l'obsédait, qui l'appelait, qui le suppliait. Son corps tout entier se mit à trembler violemment. Une seconde, peut-être deux, mais pas plus avant qu'il ne respire profondément et se contrôle à nouveau. Il aurait tant donner pour retourner sous sa forme animale, fuir les pensées qui accaparaient tout son esprit. La nymphe le poussait, sans le vouloir, à le remettre en question par ce qu'elle disait, ou plutôt par ce qu'elle ne lui disait pas. Il rouvrit les yeux pour trouver le visage de porcelaine de son amie, de sa plus tendre amie, de sa seule et unique amie. Il connaissait le monde des hommes et un jour, les nymphes en souffriraient. Mais quoi qu'il puisse arriver, il serait là pour elle, pour la protéger. Il prendrait partie, celui de protéger Awuial et toutes ses sœurs et si elles choisissaient de rester éternelles neutres, et bien il mourrait en les défendant. Tout comme son totem, le druide défendrait au risque de sa vie ce à quoi il pouvait vivre au travers. Awuial lui avait donné l'espoir d'un monde meilleur, il la protégerait.
- Pardonne-moi Awuial... De ne pouvoir te conter tout ce que tu aimerais entendre. Le monde des nymphes est bien différent de celui de Gwendir... Ici tout est joies, rires, chants... Hors de la forêt le monde est en guerre, le sang coule et l'ombre envahit la terre que nous foulons, les peuples se battent pour un pouvoir qui m'appelle. Je ne suis pas celui que tu crois Awuial... Tu... Tu devrais retourner auprès de tes sœurs, me laisser dans l'ombre... |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Dim 7 Déc 2008 - 3:07 | |
| La forêt s'endormait paisiblement, bercée par cette douce lumière dont une lune argentée venait si bien les nimber. Les animaux avaient déjà rejoint leurs terriers et tanières , et il ne demeuraient plus dans les sous bois et clairières que ces êtres que la nuit, seule, peut voir apparaître. Et pendant que les oiseaux des profondeurs du crépuscule s'éveillaient doucement, leurs chant s'élevaient dans les airs, venant en égayer, pour un instant du moins, le si parfait silence. La Lune resplendissait, et ses filles les étoiles s'étaient levées, astres lumineux qui dansaient si joyeusement dans cette voûte céleste où n'exhalait rien de moins que la plus parfaite des sérénités. La forêt des Nymphes s'endormait sans, une fois de plus, avoir connu ni même subi, les affronts que partout ailleurs, la terre connaissait. Ce fut alors que Zephyr, si majestueux Prince des airs se leva, s'étirant de toute sa stature, faisant ainsi légèrement bruisser ces branchâges touffus et verdoyants qui se faisaient remparts, s'entrelaçant les uns aux autres afin de mieux abriter en leur sein, le dernier Eden terrestre que Gwendir possédait. Magnifique et si précieux joyau de pureté vers lequel le Maitre des vents se pressait déjà, comme irrémédiablement attiré par ces lumières étincellantes qui venaient, si tendrement, déchirer le manteau de la nuit. Zéphyr dansait, virevoltant dans les cieux, entrainant à sa suite quelques étoiles espiègles. L'intangible protecteur se faisait si doux amant lorsque, avec de si infimes précautions, il venait effleurer et caresser de ses mains venteuses, ces fleurs endormies qui, sous son passage, gémissaient doucement, ployaient mais sans jamais se rompre. Le Prince filait vers ce Palais, illuminé par ces milliers de lucioles qui dansaient, plus lumineuses que n'importe quelles chandelles, autour de ce somptueux banquet qu'une Reine donnait pour ses soeurs les Nymphes.
Qu'il était beau ce Palais végétal où les lianes venaient se parer des fleurs les plus rares et les plus exquises ! Pour l'occasion, des centaines d'autres fleurs avaient été , si doucement ceuillies, pour se faire pierres plus précieuses même que les diamants. Et ces joyaux multicolores; et aux parfums enivrants; recouvraient les murs et même le sol de ce lieu onirique où des êtres aussi purs que le cristal festoyaient gaiement, semblant même ignorer, qu'à quelques pas seulement de là, le tonerre grondait et les morts se dénombraient par dizaines si ce n'est même par centaines... La guerre faisait rage mais jamais celle ci n'atteindrait jamais ce sol que Zephyr ne la laisserait jamais venir souiller de ce sang impur. La forêt des Nymphes était devenu un sanctuaire de Paix et ce Palais en était le coeur. Le Prince venteux se fit bien légère brise lorsqu'il s'approcha, presque timidement, de cette ouverture qui lui permit, un bref instant, d'admirer ces sylphides à la peau d'albâtre qui n'étaient que beauté et bonté. Les rires fusaient de toute part, réchauffant le coeur de ce Dieu des vents, lui faisant oublier un instant toutes ces horreurs que, chaque jour et partout ailleurs, il ne pouvait que subir. Içi les Nymphes, si parfaitement ignorantes de ce que pouvait être le Mal, se mouvaient avec une élégance et une grâce des plus aériennes, se faisaient plumes virevoltantes pour danser en de si belles farandoles, chantaient de leurs voix cristallines pour mieux célébrer la Vie et les joies que Jord, la Nature et leur Reine leur offraient jour après jour. Créatures féériques mais dont Zephyr connaissait si bien la fragilité ! Poupées de verre que, sans cesse, il craignait de voir le souffle de la Guerre emporter ou briser entre ses griffes acérées... Un instant son regard se fit bien curieux, comme s'il eut cherché à discerner, au milieu de cette assemblée, un visage qu'il ne trouva pas.
Puis une mélopée s'éleva au loin, si loin qu'elle n'en était audible que pour lui. Symphonie céleste qu'un être pur entonnait et où Zephyr pouvait déceler toute la bonté et l'amour dont débordaient le coeur et l'âme de cet Ange de nacre vers lequel il filait à présent. Survolant les plaines et les clairières, ne prêtant pas la moindre attention à ces lumières rougeoyantes des combats qui déchiraient les montagnes avoisinantes, Zephyr se faisait marin, enivré et charmé par cette voie irréelle et divine qui le guidait si tendrement. Le Prince volait à tire d'ailes, ne s'arrêtant que pour mieux inviter oiseaux de paradis encore éveillés, lucioles et autres étoiles à le suivre. Alors, comme pour plaire à ce souverain venteux, la forêt s'anima et, tandis que des sentiers et sous bois accouraient les plus sauvages et magnifiques des animaux, le ciel se faisait rivière pour mieux charrier ces oiseaux qui virevoltaient au milieu des étoiles vers cette cascade enchantée où leur seigneur les menait si doucement. A peine étaient ils tous arrivés que Zephyr ne se fit plus que murmure, incapable de bouger devant ce son mélodieux qui s'élevait, pur et envoûtant, des entrailles même de la caverne. Pas un seul des animaux, pas une seule des créatures présentes ne put seulement résister au chant de cette Nymphe devenue sirène par la grâce de ces chants qu'elle offrait, dans le plus grand des secrets, à son ami Druide. Nul ne comprenait ces mots humains que la belle Awuial déversait, si tendrement, de ses lèvres de velours mais, pourtant, tous en comprirent le sens. Ode vibrante et bien émouvante dans laquelle on devinait l'épanouissement d'un coeur à ce sentiment si terrifiant parfois qu'est l'Amour. La Nymphe chantait son amour pour la Nature et son peuple, mais elle chantait aussi son amour de la Vie. Cette Vie qui, ce soir, faisait de son coeur une rose sur le point d'éclore.
Puis, lorsque la voix se tut, Zephyr se fit complaisant complice, soulevant de ses bras puissants, ces flots d'eau limpide, permettant ainsi aux animaux, toujours sous le charme, de pénétrer dans ce tunnel de pierre qui les ménerait vers l'Ange à la voix d'or. La Lune était présente elle aussi, les devançant, éclairant leur chemin, pour finalement venir resplendir dans cette petite grotte où deux amis, deux âmes soeurs, avaient si bien trouvé refuge. La Lune se fit plus scintillante que jamais lorsque ses fils de lumière vinrent percer ces profondes ténèbres pour venir nimber ces deux êtres dont les regards osaient à peine se soutenir et dont les corps se frôlaient pour mieux se fuir ensuite. L'un des enfants de l'astre nocturne, peut être plus audacieux que ses frères, vint doucement caresser ce visage opalescent de cet Ange dont, les yeux encore mouillés de larmes, venaient se perdre dans les flammes de ce petit feu qui peinait à réchauffer ces deux corps. Alors Zephyr, une fois de plus, se fit entremetteur, entrouvrant à peine ses lèvres pour laisser naitre ce souffle qui, d'un coup un seul, fit grandir ce feu qui, de simple feu de camps, devint brasier ardent et flamboyant. Les ténèbres de la grotte reculèrent alors laissant ce Druide et sa Nymphe en pleine lumière. Celle ci se releva à moitié, prenant doucement la main de son ami dans la sienne, plongeant son regard de pluie dans celui si sombre de Lhacaran. Un instant elle demeura ainsi, muette et immobile, ne voulant pour rien au monde brusquer cet homme dont elle prenait plaisir à découvrir la chaleur de la peau rendue, si peu, rugueuse par le temps et les épreuves. Puis, ses yeux se détournèrent pour mieux venir se perdre dans les flammes du feu, sa tête s'inclina légèrement, et elle murmura, presque chantonnant :
- " Peut on vraiment ne pas connaitre l'Amour ? Même si j'ignore ce que cela est réellement, lorsque je vois tes yeux, ou ceux de mon Frhar, se poser sur toutes ces merveilles que Jord et la Nature nous ont offertes, alors je me dis que l'Amour doit certainement ressembler à cela... Dans ces moments là tu sembles si serein, si calme... Heureux même. L'Amour n'est il pas supposé rendre heureux Lhacaran ? Sinon pourquoi tant de gens voudraient ils donc le trouver ? "
Puis la main de la jeune femme se retira, précipitemment, peut être même trop, lorsque son ami lui assena, comme autant de flêches dans le coeur, ses dernières paroles. Awuial ne prononça pas ces mots qui tournaient, en la plus folle des sarabandes en son esprit. Oh mon Dieu... Comment peux tu seulement penser cela mon ami ? Comment peux tu croire que je pourrais jamais te laisser te perdre dans ces ténèbres que le Frhar ne craint pas mais que l'homme, lui, semble parfois bien trop désireux de retrouver ? Comment pouvait il réellement penser toutes ces choses... Awuial souriait mais, en son sein, et pour la première fois, son coeur saignait. Le Druide se trompait. Elle le connaissait et sans doutes mieux que quiconcque dans le Royaume tout entier. Nul besoin pour cela de connaitre son passé ni son histoire ! Nul besoin de parler pendant des heures non plus... Les mots ne sont que des lettres que l'on assemble, de façon plus ou moins adroite, afin de leur donner un sens ou une signification mais... Mais peuvent ils seulement tout décrire, tout dire, tout dévoiler ? Non. Les plus grands mystères, les plus insondables secrets et tourments, les plus belles des choses aussi ne s'embarassent pas de mots. Il suffit d'un simple geste, d'un simple regard pour comprendre, avec le coeur, ce que l'esprit lui, ne comprendra peut être jamais même avec les plus belles des poésies ou des proses. Awuial se rapprocha du Druide et laissant ses mains venir doucement se reposer sur les siennes, elle lui sourit candidement, et d'une tendresse toute nouvelle aussi. Puis l'une de ses mains vint, avec milles précautions cependant, lentement faire glisser cette capuche derrière laquelle Lhacaran se cachait trop souvent. Awuial laissa sa main de nacre venir effleurer, en la plus timide des caresses, cette joue d'homme qu'elle sentit frissonner doucement.
- " Cette histoire que tu persistes à vouloir taire je ne la connais pas et, pas plus qu'hier ni que demain, je ne te poserais la moindre question dessus. Je ne la connais pas mais je ne l'apprécie guère pour ces tourments que je la vois infliger à cet homme que tu es ! Je ne la connais pas mais je n'en ai pas besoin pour savoir qui tu es. Tu es Lhacaran, un Druide, un homme, un Frhar... Tu es le plus cher de mes amis... Tu es l'être que je pourrais sans doutes dire "Aimer" si seulement je pouvais être certaine que ce que me murmure mon coeur n'est que pure vérité et non simple illusion... "
Puis, la ménestrelle s'interrompit, venant de découvrir ces animaux encore un peu effrayés qui pénétraient, si timidement, dans cette antre à présent si chaleureuse. Zephyr, mutin, laissait plâner ce parfum si empreint d'Amour qu'un Ange innocent venait de faire naitre de ses lèvres candides. Alors Awuial oublia cette femme qui s'éveillait pourtant en elle pour redevenir cette Nymphe, à la candeur presque enfantine, qui se mit à chanter de nouveau pour apaiser ces animaux vers lesquels elle avançait, si doucement, pour mieux les apprivoiser. Les notes s'élevèrent un instant, mélopée céleste qui eut vite fait d'avoir raison des dernières craintes des animaux qui, à présent, venaient à la Nymphe, réclâmant ces caresses et toutes ces autres attentions qu'elle leur prodiguait avec un sourire enchanté autant qu'enchanteur. Les prunelles de la jeune femme étincellaient plus encore que ces étoiles qui venaient si bien l'entourer de leur clarté diffuse, la rendant peut être encore plus irréelle qu'elle ne l'était déjà. A genoux au milieu de tous ces animaux, la Nymphe rayonnait plus que jamais et, bientôt, son rire cristallin résonna dans ce petit lieu tandis qu'une biche venait la chatouiller en enfouissant son museau au creux de son épaule. Alors Awuial se retourna lentement et tendant une main vers Lhacaran l'invita à la rejoindre :
- " Qu'est donc ce Pouvoir par lequel tu te dis attiré en comparaison de tout ceci ? Que la Guerre gronde, que des hommes, décidément bien sots, s'entretuent... Tant que, quelque part en ce Royaume, des scènes comme celles ci seront possible alors l'espoir d'un monde meilleur subsistera toujours ! Je veux croire que la Paix reviendra un jour et que notre Monde connaitra de nouveau cette harmonie et cette sérénité que, il y a peu de temps encore, nos peuples connaissaient. Je veux croire qu'un jour, enfin, je saurais ce que ce mot "Amour" signifie... dit elle en rougissant et en baissant le regard. Puis, en un souffle étouffé, elle ajouta d'un air triste à vous en pourfendre le coeur Et si mes rêves doivent périr sous les crocs de cette Geurre que tu évoques si sombrement, alors que la Guerre m'emporte moi aussi... Car je ne pourrais vivre dans un monde où seule la Haine régnerait et où la Nature ne serait plus... Car je n'aurais jamais ma place dans un monde où un pouvoir, aussi grand soit il, pourrait t'arracher à moi Lhacaran... " |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Dim 7 Déc 2008 - 16:22 | |
| Aux premières paroles de la nymphe il ne dit rien, se contenta de baisser lentement le regard. L'Amour, comment la nymphe pouvait penser à cela, et l'évoquer même. La guerre et le chaos grondaient et elle voulait aimer. Il connaissait l'état d'esprit, les façons d'être des nymphes, mais de là à pouvoir ressentir la même chose, ce n'était pas possible, pas pour lui, pas pour le Druide avide de pouvoir qu'il était devenu. Mais la jeune nymphe avait tout de même raison. Il aimait vivre ici, en cette forêt faite de vie et de rire. Mais c'était plus fort que lui. Il n'était qu'un simple druide honteux de connaître si peu, attiré par ce qu'il ne possédait pas encore en matière de magie, ce pouvoir qui hurlait son nom dans les profondeurs des ténèbres. Il l'appelait, il le suppliait de venir le retrouver, de le posséder. Encore une fois, alors que le regard de Lhacaran brillait d'une lueur sans nom fixant ce feu de joie, ses pensées avaient déviées dans les plus noires abysses de ce qu'il s'évertuait à refuser, à éviter. La magnifique nature en souffrirait, il le savait. Les hommes trop imbus de leur personne empoisonneraient tous les lieux qui croiseront leur regard et leurs pensées. Rien ni personne ne sera à l'abri de l'avarice des Hommes de Loki. La nymphe avait raison. Sans même le connaître elle en savait déjà bien plus que lui au sujet de cet Amour, encore inconnus des deux protagonistes, et qui pourtant, naissait comme une petite fleur sauvage en leur fort intérieur.
Puis elle retira brusquement sa main à peine lui avait-il confessé son pardon. Il avait prévu cette réaction et voilà pourquoi il s'en offusqua pas. Les yeux dans le vague, il fixait toujours ce feu de camp ardent. Ce ne fut qu'au bout d'une bien longue minute dans ce froid esseulé qu'il se rendit compte que les mains de nacre de son amie étaient posées sur les siennes. Il sentit la chaleur qui s'en dégageait. Il aurait tellement voulu les serrer, mais il ne savait que faire désormais. Toujours aussi perdu dans ce dédale d'ombre et d'attirance pour les Ténèbres. Puis il y fit jour soudainement et Lhacaran leva les yeux sur la nymphe qui avec toute la délicatesse du monde lui repoussait la capuche qui couvrait jour après jour son visage d'homme. Encore une fois, avec les paroles qui suivirent, il garda le silence. Oui, tout son passé, il le tairait, il le garderait tout au fond de lui et tant pis s'il devait en souffrir en silence et seul, cela vaudrait mieux pour la poupée mystique devant lui. Mais sa dernière phrase se fit ressentir comme un pique de glace pourrait s'enfoncer dans son cœur. L'aimer, lui? Il aimait, oui, c'était sans doute cela qu'il ressentait au fond, il l'aimait, elle, mais comment se pouvait-il qu'une nymphe, femme de douceur, de candeur, de joie, pouvait l'aimer lui? Il n'était que tourment, qu'un homme parmi d'autres. Il avait cru à une chance inoubliable quand il l'avait rencontré la toute première fois. Puis la chance s'était transformée en rêve éveillé.
Elle avait toujours été là pour lui, mais aujourd'hui, elle lui disait qu'elle éprouvait ce qu'elle ne pouvait pas encore appeler de l'Amour envers lui. Cela ne pouvait pas être la réalité. Rêve, petite nymphe, tout cela n'est qu'illusion, ne m'aime pas. Tu ne dois pas croire ce en quoi ton cœur t'appelle. Je n'en suis pas digne, je ne ferais que te souiller... Ne m'aime pas... Il aurait tellement voulu hurler ses mots à Mani, mais il en était bien incapable de les murmurer aux Ténèbres. Il n'avait pas bougé, il était bien impossible pour lui de se rappeler déjà où il se trouvait tant il sombrait dans ses pensées, dans ce qu'Awuial venait de lui conter. Cette dernière s'était éloigner pour rassurer quelques animaux qui étaient entré. Il la regarda, sentant à nouveau le froid le gagner. A croire que la nymphe était sa chaleur, sa douceur, son soleil. Petite Nymphe de Soleil... A sa main blanche tendue à son égard, il hésita, comment lui refuser de toute manière. Il se leva donc à son tour et s'agenouilla derrière la nymphe, la tête basse, comme un pénitent, comme pour se protéger de ce qui pouvait se trouver sur le chemin qui lui restait à parcourir, comme pour ne voir qu'elle, comme pour annihiler toute ombre à son regard. Les dernières paroles faillirent achever le druide qui en souffrit, visible sur son visage. Par pitié, qu'elle ne prononce pas ceci, qu'elle vive, qu'elle rit. Il ferait tout pour la protéger, pour que la guerre ne puisse la toucher.
- Ne dit pas ça, Awuial. Je ferais n'importe quoi pour que tes rêves deviennent réalité. C'est ce pouvoir, faiblesse des hommes qui parcourt mon âme. Trop longtemps je l'ai désirée, trop longtemps, je l'ai fui et aujourd'hui, j'y suis confronté, je n'ai plus d'arme, je suis à nu devant cette torture que mon esprit m'inflige, mais je n'ai qu'un espoir et il a ton visage. Laisse-moi un peu de temps... |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Lun 8 Déc 2008 - 21:57 | |
| Et si le Monde n'était pas ce qu'il semblait être ? Et si les yeux des Hommes ne voyaient qu'une bien infime partie de ce que, en réalité, sont les choses et les êtres qui les entourent ? Et si, pour un soir un soir seulement, cette si ténue et si fragile frontière qui sépare le Monde réel de celui des Songes s'estompait pour finalement disparaître ? Qu'adviendrait il alors ? Peut être si peu... Peut être tellement... Sans doutes cela dépendrait il beaucoup des Hommes eux mêmes. Ces êtres dont, avec ce fourbe de Temps et cette perfide Guerre, les âmes s'étaient assombries et les coeurs, eux, s'étaient faits de pierre. Ces créatures à présent si assoiffées de sang et de pouvoir qu'elles en avaient même oublié de rêver ! Eux qui ne voyaient plus rien qu'au travers de ces prunelles écarquillées et voilées de rage meurtrière, eux qui avaient oublié, qu'au delà de toute apparence, il existe autre chose. Les Hommes étaient devenus aveugles et sourds. Ils ne voyaient plus rien que leur propre, et si hideuse, colère. Ils ne voulaient plus qu'entendre cette macabre, et bien funeste, symphonie où les armes s'entrechoquaient violemment pour faire chuter des corps démembrés et sans vie. Ils se perdaient et jamais, non jamais, ils ne pourraient voir ce que, pourtant, cette nuit là, il leur était offert. Le Monde pleurait depuis si longtemps devant ces peuples, ses enfants qu'il avait vu naitre et qu'il avait couvert de son bienveillant regard aussi longtemps que cela lui fut permis. Puis ses enfants étaient devenus fous. Ils s'étaient levés les uns contre les autres, brandissant leurs armes et venant souiller, du sang de leurs frères, ces terres que jadis ils veillaient jalousement. Le Monde alors avait tenté de ramener ses brebis égarées à la raison mais celles ci étaient restées désespérément sourdes à ses mises en garde que, pourtant, elles auraient mieux fait d'écouter ! Et les Hommes avaient continué de guerroyer, de s'entretuer rendant, chaque jour un peu plus, le Monde amer et en colère lui aussi. Si ses enfants terribles voulaient détruire ces terres qui leur avaient donné la vie alors qu'ils le fassent ! Plus jamais le Monde ne s'en mêlerait ! Il était là depuis bien avant même que le premier d'entre eux ne naisse et il demeurerait longtemps encore après que le dernier n'ait exhalé son dernier souffle. Les Hommes ne survivraient peut être pas mais le Monde, lui, demeurerait à jamais.
Et pendant bien longtemps, en effet, le Monde s'était désinteressé de ces ingrâts enfants, de ces sombres âmes qui, toujours, ne lui inspiraient plus que colère ou chagrin incommensurables. Pas une fois il n'avait voulu croire que, un jour peut être, les choses pourraient changer et que les lendemains se pourraient être meilleurs. Pas une seule fois jusqu'à ce soir où, par la grâce d'une Nymphe et de son Druide, son coeur se remit doucement à battre et à espérer. Le Monde était tout d'abord resté bien dubitatif devant cette, si singullière, amitié qui liait cet homme et cette femme. Il les connaissaient ces deux êtres, les ayant déjà vus parcourrir, ensemble, sentes et clairières de cette forêt si bien tenue à l'écart du reste du Royaume. Le Monde connait tout et il n'était pas sans ignorer cette histoire et ce passé, si douloureux et nébuleux, que ce Druide refusait toujours d'évoquer. Il connaissait les tourments et les Spectres enragés qui ne cessaient de venir hanter et torturer l'âme, si perdue, de cet homme le poussant à, sans cesse un peu plus, préférer sa forme animale à sa forme humaine. Le Monde savait et comprenait. Les Hommes étaient tous devenus si déments, comment en vouloir à l'un d'entre eux de tenter de renier sa propre nature, sa propre essence ? Il comprenait mais il savait aussi que nul ne peut jamais totalement, ni même impunément, se fuir soi même. Ce que ce Druide avait été, ce qu'il était, ce qu'il serait sans doutes encore demain, tout cela finirait bien par le rattrapper un jour ou l'autre ! Et, comme ses comparses, cet homme aussi finirait par céder à l'appel de ce Pouvoir et de cette Puissance auxquels nul ne peut résister bien longtemps. Pourtant... Pourtant, ce soir là, le Monde n'était plus aussi sur de lui. Alors que son regard se posa sur cette grotte où le Druide luttait contre ses Démons pour le sourire d'une Nymphe, oui, le Monde se mit à espérer. Et ce fut de toute sa tendresse qu'il regarda cette Nymphe innocente et candide qui, sans même le savoir, permettait au plus fou des espoirs de renaitre.
Qu'elle était délicieuse cette enfant de nacre dont, le Monde le savait, l'âme et le coeur n'étaient que pureté de cristal et amour infini. En cet être angélique, et presque onirique, ne résidaient pas la moindre méchanceté, pas la moindre envie de ce Pouvoir que tous, en dehors de la forêt, courtisaient pour mieux tenter de se l'approprier. Awuial aurait parue bien ignorante des réalités de la Vie pour quiconcque l'eut rencontrée ! Elle ne connaissait des horreurs de la Guerre que ces rumeurs que le vent lui colportait ou que ces guerriers, perdus, lui contaient. Elle ignorait tout, et ne voulait même rien savoir, de cette vilainie qui avait asséchée le coeur des Hommes et poussés des amis à se combattre de façon si sanguinaire. La ménestrelle était une Nymphe et la neutralité de son peuple était des plus légendaires mais cela n'expliquait, qu'en infime partie, cette si impressionnante candeur infantile qui était la sienne. Awuial était une rêveuse... Une jeune femme qui fuyait un univers trop violent et trop dur pour son âme et son coeur si fragiles... Elle fuyait dans ses songes pour ne pas voir ces horreurs qui menaçaient, chaque jour un peu plus, de la broyer entre leurs mains si puissantes... Elle chantait l'amour et la paix pour oublier que, si près pourtant, les voix se faisaient haineuses et menaçantes. Elle ignorait tout de la Vie et de sa sordide réalité mais, pourtant, elle s'y éveillait doucement, si terriblement même peut être, en cette nuit étoilée ou son coeur pur découvrait l'Amour. La jeune Nymphe rougissait, ses yeux se faisaient effarrouchés devant cet homme qu'elle connaissait pourtant si bien. Ce Druide qu'elle avait toujours vu comme un ami mais que, à présent, elle voyait comme cet homme qu'il avait, pour elle, consenti à rester. Lhacaran faisait partie de sa vie et elle avait toujours pensé qu'il en serait éternellement ainsi. Que, chaque jour, ils se retrouveraient et que, que ce soit aux côtés du Frhar ou de l'homme, tous deux parcourreraient, redécouvrieraient cette forêt dont elle avait fait leur royaume végétal. Elle avait rêvé la petite Nymphe mais la Guerre, cruelle, accomplissait son oeuvre et, lentement et si perfidement, tirait doucement cette créature innocente de ce rêve doux pour la propulser dans un univers qui la séparerait peut être de son ami et finirait surement par tuer son innocence, par lui ravir son rêve et sa vie même. Mais il restait encore un peu de temps... La clepsydre, elle même, semblait se faire clémente, retenant ces heures qui arriveraient bien assez vite, ces heures qui amèneraient cette aurore avec laquelle le rêve d'une Nymphe périrait.
Encore insouciante et tellement ignorante de ce que les noirs lendemains lui réserveraient peut être, la petite Nymphe continuait de rêver éveillée. Ses propos déjà changeaient mais son coeur, lui, demeurait d'une parfaite pureté. Le Monde regarda alors cet homme qui s'apprivoisait lentement par ce visage angélique, par cette pureté qui estompait, éclaircissait un peu ses propres ténèbres. Oh oui... Le Monde savait ce que pensait le Druide. Il savait quel effroyable dilemme secouait l'âme de celui ci tandis que, dans son poitrail d'homme, le Monde voyait si bien un coeur se mettre à battre, peut être même pour la première fois ! Si le Monde eut pu parler alors il aurait cherché à mettre en garde ce Druide Frhar contre ce qui le hantait, contre aussi ce qu'il sentait s'esquisser si tendrement. Il aurait imploré Lhacaran de ne pas céder à ses pulsions si désespérement humaine... Tout comme il l'aurait imploré de s'éloigner de cette créature onirique qu'était sa Nymphe... L'Amour naissant de ces deux êtres avait aidé le Monde à espérer mais il ne savait trop bien à quel point telle union était impossible ! Les ténèbres et la Lumière ne peuvent se cotoyer sans finir par s'annuler l'une l'autre... Lhacaran était trop puissant et, cette puissance qu'il retenait encore, finirait tôt ou tard par se libérer de ses chaines et par détruire celle que le Druide s'était pourtant juré de protéger. Le Monde ne doutait pas de la sincérite, ni même de la pureté, des sentiments que ces deux êtres semblaient encore bien inconscients de se porter. L'Amour se lisaient dans ces gestes , ces regards qu'ils se portaient bien plus que dans ces mots maladroits qu'ils s'échangeaient. Le Druide osait à peine s'avouer aimer Awuial tandis que celle ci le reconnaissait sans même se douter de ce que cela signifiait réellement. Peut être que le jour où elle le découvrirait alors son destin serait irrémédiablement scellé à cette petite Nymphe de soleil... Le Monde lisait en le coeur de la beauté d'opaline et il savait. Elle aimait et aimerait toujours cet homme qui, pourtant, la ménerait peut être à sa perte. Mais, à la voir si rayonnante, le Monde ne put que souhaiter que, jamais au grand jamais, cette nuit ne finisse et que, pour toujours, ce Druide et cette Nymphe restent les tendres prisonniers de cette nuit magique.
Awuial sentit la présence dans son dos de son ami et ses joues s'empourprèrent tandis que sa main se faisait perchoir pour cet oiseau de paradis qui vint s'y poser. Alors la jeune femme laissa ses jambes s'allonger sur le côté tandis que sa main libre venait se glisser dans celle de Lhacaran. L'oiseau plongeait son regard dans celui de la ménestrelle qui, déjà, laissait sa voix d'or entonner un nouvel air. Mélodie nouvelle où, si clairement, elle évoquait avec pudeur ces sentiments qu'elle sentait si bien naitre en elle et qui la comblaient autant que l'effrayaient. Elle caressait l'être de plume mais c'est à l'homme contre lequel elle se laissa aller à s'appuyer qu'elle dédiait cet hymne à l'Amour. Elle y contait leur rencontre, leur amitié... Elle y contait tant et tant de choses ! Tant de métaphores pour déguiser ce qu'elle ne parvenait, toujours pas, à avouer... Puis l'oiseau s'envola, allant se perdre dans les hauteurs de la voûte céleste. Alors la jeune femme se retourna et laissa sa main, à présent de nouveau libre, venir caresser le visage de son ami de la plus tendre et douce des façons. Elle ne voulait ni le presser ni l'effrayer. La Nymphe chantait pour lui, pour lui montrer que, quoiqu'il pense être et quoique leur avenir leur réserve, jamais, jamais non elle ne le quitterait ! Elle ne le lui avoua pas mais Awuial savait que si, un jour, le désir de Lhacaran de toucher du doigt ce pouvoir qui semblait l'appeller à luise faisait trop fort pour qu'il ne puisse qu'y succomber alors... Alors la Nymphe savait qu'elle le suivrait... Au bout de la terre, aux tréfonds des ténèbres même... Peu lui importait à la jeune femme amoureuse ! Elle savait que vivre sans sa forêt, sa Reine, ses soeurs et cette Nature qu'elle chérissait tant, elle savait que cela lui serait intolérable et, peut être même, fatal. Mais certes moins fatal que de vivre séparée de celui que, surprise, elle comprenait enfin aimer. Ses yeux se firent océans limpides et rieurs tandis qu'elle lui disait simplement, l'un de ses doigts diaphanes posé sur les lèvres de l'homme en un bien léger baillon :
- " Tu n'es plus seul et tu ne le seras plus jamais... Que tu le comprennes ou non, que tu l'acceptes ou non... Je serai toujours à tes côtés Lhacaran. Pour toi je chanterai les plus merveilleuses des mélopées, pour toi je rirai et danserai... Pour toi j'apprendrai à endurer ces souffrances et tortures dont j'aimerais tant te décharger. Pour toi, et pour toi seul, j'apprendrai ce que veut dire ce mot... "Amour"... " |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] Mer 17 Déc 2008 - 16:37 | |
| Il s'était agenouillé, homme pénitent. Il était plus que honteux de sa condition d'être si faible pour être tenté par un pouvoir qui n'effleurait jamais la douce nymphe, jamais les êtres plus sensé, moins avares, un pouvoir pour les hommes faibles, humains, druides, orthodoxes et peut-être même les ombres... Les elfes dans leurs infinies sagesses avaient su s'en défaire, les nymphes n'étaient guère concernées et les amazones, et bien, il ne savait pas trop, il n'avait jamais étudié la question. Ces dernières années, il n'avait guère cherché à comprendre, il avait fuit, il avait préféré sa forme animale, vivre au jour le jour et ne pas s'attarder sur ses pensées qui semblaient de plus en plus noires, prêtes à l'engloutir, à le faire sombrer dans une torture mentale. Et la seule personne qui avait réussi à éclairer son esprit avait été cette nymphe derrière laquelle il était en ce moment-même agenouillé.
Elle était une étoile qui lui montrait le chemin, un soleil qui lui éclairait son monde. Awuial dans sa plus tendre et pure innocence était son cœur même. C'était elle qui le gardait en vie, car depuis longtemps il aurait abandonné le fait de vivre aussi misérablement, poussé à chercher les ténèbres qu'il ne voulait parcourir. Non, elle avait été là alors qu'il en avait le plus besoin. Sans même le savoir, sans avoir pu le lui avouer, il la voulait près de lui pour les temps à venir, peut-être avait-il peur de devoir tout affronter, peut-être avait-il peur de le lui avouer? Il ne savait, mais ne pouvait pour le moment prononcer ces mots qui la tiendrait à ses côtés. Awuial savait que jamais, au grand jamais il ne la quitterait, il serait là pour elle, mais la raison première était encore à peine évoquée dans ses propres pensées, alors que lui dire s'il n'y croyait qu'à peine, s'il ne pouvait pas encore en discerner la réalité tangible?
Une main de nacre aux doigts fins vint se poser sur la sienne, il laissa ses doigts s'entremêler aux siens avant de serrer doucement cette petite main. Puis la nymphe toute ménestrelle qu'elle était se mit à chanter pour cet oiseau magnifique, d'une autre terre, qui était venu se percher pour l'accompagner dans sa douce mélodie. L'homme sentit son cœur se muer en un tambour de guerre, frappant contre cette cage thoracique qu'était la sienne. Une si belle musique, une si gracieuse mélodie, comment diable la chanteuse pouvait être aussi divine, pourquoi était-il là, à l'assombrir? Mais le chant d'Awuial était si somptueux qu'il sentait qu'elle avait laisser ses mots pour lui et il se trouva alors comme béni d'une si étrange sensation. Il se savait voulu ici, les doigts de la nymphe mélangés aux siens le lui prouvaient non? Puis ce fut tout le corps de la belle qui s'appuya sur lui.
Son cœur manqua un battement, mais se reprit bien vite. Il se surprit à vouloir la serrer dans ses bras, à se sentir bien, à la savoir en sécurité, mais il se savait si avide de ce pouvoir, si faible par rapport à la race de Jhord, il n'était qu'un pauvre druide. Là, Awuial tout contre lui, les notes ménestrelles qui lui berçaient l'esprit, il se sentit des plus apaisés. Non, finalement, il était puissant, il pouvait vaincre ce mal qui le rongeait, il pouvait faire fi de ce pouvoir si désirable qu'il se serait damné pour le posséder. Non, non, il ne devait pas, il devait veiller sur la nymphe, c'était là son unique but de vivre, son unique lumière, il ne voulait que sa douce amie à la peau si blanche, à la beauté si divine. Et quand elle tourna sa tête candide vers lui, il se tut, il la fixa de la prunelle noire de son regard et l'écouta jusqu'au bout, sans dire un mot, sans même le vouloir, car pour dire la vérité, il ne savait que répondre.
Il la savait capable de tout cela, mais il avait peur que ça tourne à la vérité. Il ne voulait pas qu'elle connaisse les malheurs du Gwendir, il ne voulait pas qu'elle souffre comme lui souffrait, endurer tout ceci n'était point pour une nymphe si brillante de vie. Qu'elle chante, oui, qu'elle chante et qu'elle danse, mais que jamais l'ombre des batailles ne vienne ternir sa lumière. Il apprendrait à rejeter ce besoin de pouvoir, il ferait tout pour elle comme elle ferait tout pour lui. Alors lentement d'une main presque tremblante, il vint caresser sa joue tatouée et glisser dans ses cheveux de fils d'argent. Son autre main vint s'enrouler autour des épaules d'Awuial pour l'enlacer d'un air protecteur. Non, rien ni personne ne viendrait lui faire du mal, il le jurait sur la tête de tous les dieux du panthéon de Gwendir et prenait Mani comme témoin. La nuit semblait être à son apogée, il avait besoin de repos, mais il ne bougea guère, fermant à peine les yeux. |
| | | | Sujet: Re: Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] | |
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| | | | Jour de Pluie, Nymphe de Soleil [Awuial] | |
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