Quatrième jour,
Onzième semaine, An 835,
Fin de matinée...
D'un point de vue purement stratégique, Chyrash serait en première ligne si jamais les ombres ou les amazones devaient attaquer. C'était une constatation tout ce qu'il y avait de plus simple. C'en était tellement simple que cela pouvait en devenir effrayant. Penser qu'une telle vague de mort pouvait déferler d'un jour à l'autre sur cette cité... Pourtant, à regarder les gens, ceux-ci ne semblaient pas en prendre totalement conscience.
Le cliquetis de son épée frappant sa cuisse, accompagnait ses réflexions, ne le perturbant nullement. Ayant fini son inspection matinale, il avait eu envie de faire un tour seul... Pour réfléchir. Tout semblait en ordre. L'armée semblait prête, les hommes fébriles, impatients et un peu nerveux, mais rien d'inquiétant. Leur seigneur pouvait dormir sur ses deux oreilles. Si bataille il y avait, les hommes ne lâcheraient pas un pouce de terrain. Jusque là son devoir était fait. Mais plus personnellement Fayn était préoccupé. Son seigneur venait de déclencher une guerre qui semblait devoir être totale. Et bien que nombreux, être pris entre le marteau et l'enclume n'est jamais une bonne chose. D'un côté les ombres et les amazones et de l'autre les elfes. Inutile de compter les Nymphes...
Arrivé à la porte de la ville, Fayn s'arrêta regardant tour à tour les deux gardes en faction. Ces deux hommes étaient assez robustes et semblaient prendre leur travail au sérieux, surveillant les allées et venues de chacun. Passant lui-même par cette porte, il les salua de la tête avant de s'enfoncer dans la plaine quasi déserte. Sur sa gauche, on pouvait apercevoir des marchands venant vendre leur biens en ville, et sur sa droite quelques paysans venus travailler la terre. Ne leur accordant aucune attention, Fayn se dirigea vers la forêt afin d'y trouver un peu de tranquillité et de pouvoir reposer son esprit las. Fatigué par tant de pensées, fatigué...
Le regard dans le vague, il regarda au loin, vers l'inconnu, vers le territoire des Amazones, ces fiers guerriers. Quand le temps sera venu, cette terre se couvrira de sang, l'acier sera roi et les hurlements hanteront l'esprit des gens. Fermant les yeux et baissant la tête il sourit. Ce jour là, peut-être pourra-t-il enfin être délivré de son serment et qu'il aura le droit de prendre place au Walhalla....
« Bientôt... »Quittant la lisière de la forêt il s'engouffra dans celle-ci afin d'aller trouver un peu de paix. Il ne marcha pas longtemps. Oh bien sûr il aurait pu, mais il se devait de rester à proximité... juste au cas où !
Fayn arriva alors dans une petite clairière, le paradis sur terre, ou tout du moins son petit jardin à lui. Au milieu de ce champ de fleurs, on trouve une fontaine. De celle-ci s'échappe une douce eau fraiche... Mais ne serait-ce que le bruit... Il vous suffit de fermer les yeux et de vous laisser bercer par ce magnifique chant. Un véritable concert, avec pour acteur, le vent, les oiseaux et le bruit de l'eau sur la roche...
Qu'il est bon de venir ici. On peut ainsi tout oublier.
Dégrafant son ceinturon, Fayn le posa respectueusement à l'entrée de la clairière, ne désirant pas amener de l'acier dans ce lieu de paix. Trempant ses deux mains dans l'eau il s'éclaboussa le visage avant de passer sa main dans ses cheveux.
Le seul bruit qui venait briser ce concert, fut le rire presque enfantin que le sergent venait de laisser traverser sa gorge.