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| Sujet: Discussion privée [PV Idril] Mer 2 Avr 2008 - 13:26 | |
| Post précédentUn jeune garde muni d’une hallebarde faisait le planton devant la porte de la chambre du Roi, mais il s’écarta en faisant résonner son arme contre le dallage de pierre. Le Roi prit les devants et passa la porte, suivit d’Idril et de Vent-Gris qui trottinait gaiement, museau au vent. Les deux jeunes gens se retrouvèrent dans un petit salon d’allure beaucoup plus intime que le premier, muni d’une petite table, entourée de fauteuils moelleux. Le loup s’en adjugea d’ailleurs un d’un bond, avant de s’y coucher, le museau sur les pattes, ses oreilles, suivant avec attention les moindres paroles du jeune Roi.
Une servante se trouvait déjà dans la pièce, disposant sur la table basse une coupe de fruits ainsi que diverses pâtisseries au miel, sortant tout juste du four. Morzan s’était douté qu’Idril ne mangerait pas grand-chose, mais il savait qu’elle avait un faible pour les gourmandises… lui aussi, d’ailleurs. Il esquissa un geste vers la table avec un petit rire.Maintenant que je suis Roi, je compte engraisser jusqu’à n’être plus capable de monter à cheval ! Assieds-toi.Il était repassé au tutoiement, comme si c’était la chose la plus naturelle du monde, comme si la jeune femme qui se tenait devant lui et qu’il avait quitté, éplorée après la mort de sa mère, n’était pas la Reine avec qui il s’était entretenu quelques minutes auparavant. Il attendit que la servante reparte, fermant la porte, avant de se débarrasser de sa lourde cape et de se laisser tomber dans un fauteuil moelleux. Il fixa un moment les flammes qui brûlait dans la cheminée, créant des reflets sur la couronne d’argent qu’il portait toujours sur la tête, et qui formait un contraste saisissant avec ses cheveux noirs.
Relevant la tête, il plongea ses yeux sombres dans ceux d’Idril, hésitant un peu sur ce qu’il devait dire. Leur amitié d’antan n’était pas morte, il le savait, mais comment faire comme si de rien n’était avec tous ces changements ? Certes, ils étaient toujours les deux mêmes personnes, mais… un Roi et une Reine pouvaient-ils se comporter comme s’ils n’étaient que enfants, comme avant ? Les yeux d’Idril ne comportaient pas de réponse à cette question, mais néanmoins, Morzan y puisa du réconfort, et il se décida à parler, désignant d’un geste de la tête le chien loup qui ne le quittait pas de son regard doré.Vent-Gris. Un cadeau de mon oncle, quelques jours avant que… avant que tout ça n’arrive. Il ne me quitte plus d’une semelle, et il est relativement pot de colle, alors, je voulais que tu fasses sa connaissance.Mais l’animal était un terrain beaucoup moins glissant que celui que le jeune roi se décida à aborder ensuite. Prenant une bouchée d’une pâtisserie au miel, un pain farci de liquide doré chaux et pâteux, il esquissa un pâle sourire avant de demander à la jeune femme.Comment est-ce que ça va ? Je parle d’Idril, et pas de la Reine Calafas.Et comment allait-il, lui ? Mal ? Ne dormant plus de la nuit, effrayé comme un bambin à l’idée de faire une erreur, de trahir la confiance et les espoirs qu’Erin avait placé en lui ? Il savait que la question allait sans doute lui être retournée, mais il n’avait pas envie de mentir à sa meilleure amie, à sa sœur de cœur, à cette jeune fille qui avait partagé la plupart de ses jeux. Il la fixa d’un regard bienveillant, où quelques traces de tristesse subsistaient néanmoins. |
| | | Idril CalafasSouveraine Colérique ¤Petit Lardon de Léander¤
Nombre de messages : 3012Age : 20 ansClan : RésistanceFonction : Reine des AmazonesDate d'inscription : 10/02/2008
| Sujet: Re: Discussion privée [PV Idril] Jeu 3 Avr 2008 - 13:09 | |
| [Chic, chic ^^ Rien que toi et moi! Ca m'inspire XD]
C'est avec un sourire retenu qu'Idril comprit que son ami mettait un terme à ce repas en compagnie de la Cour et des Ministres. Morzan se leva et tous les convives l'imitèrent. Il s'excusa auprès de l'assemblée, avant de prendre congés et d'emmener avec lui la Reine des Amazones. Cette dernière rassura d'un geste de la tête ses soldats qui semblaient perdus face à cette situation. Puis les deux monarques quittèrent la salle du Conseil pour se diriger vers la partie Nord du Palais. Leur traversée des couloirs se fit en silence, et Idril remarqua la présence d'un magnifique chien-loup qui trottait tranquillement derrière eux. Ils arrivèrent finalement à la chambre du jeune Roi, où un soldat montait la garde. Il salua respectueusement les monarques avant de s'écarter de la porte, pour les laisser passer. Morzan entra le premier, Idril lui emboîtant le pas.
Il régnait dans la pièce une chaleur particulièrement agréable et une sensation de bien être réconfortante. Une servante étai présente, disposant sur une petite table quelques fruits et pâtisseries. Elle se retira une fois les deux amis entrés dans la chambre. Morzan ne put s'empêcher de plaisanter, avec un petit rire attendrissant. Idril sourit, tout en le taquinant :
C'est une perspective intéressante! Je pourrais te battre en duel plus facilement si tu t'empâtais!
La jeune femme défit le long manteau qui l'enveloppait, et le posa sur un des fauteuils disposés autour de la table. Sans cette masse de fourrure, Idril était simplement vêtue d'une robe blanche et brune, ornée d'une ceinture de cuir tressée. Elle paraissait ainsi frêle et fragile. Elle portait au cou le médaillon travaillé dans l'émeraude que lui avait offert Morzan, quelques années auparavant. Elle ne s'en séparait jamais, comme s'il adoucissait, amenuisait son absence. Les épaules de la jeune Reine semblaient bien menues pour supporter le devoir qui était le sien. En dehors de Morzan, elle n'avait personne sur qui compter réellement. Il y avait bien Elea, sa commandante des armées, qu'elle aimait énormément. Mais cette dernière n'était pas aussi avenante que le Roi des Ombres, et si sa présence réconfortait Idril, elle ne parvenait pas à la rassurer.
La jeune Reine se dirigea vers la table et prit une des pâtisseries qu'elle savoura délicatement. Au miel. Ses préférés. Morzan avait encore une fois fait preuve d'une bienveillance réconfortante. Elle l'observa défaire sa lourde de cape, et elle le vit redevenir le jeune homme qu'elle aimait tant. Pour la seconde fois, elle fut prise par la terrible crainte de le perdre. Quand il s'installa dans un fauteuil, elle ne put s'empêcher d'aller s'asseoir sur le bras du siège pour être prêt de lui. Il désigna de la tête le chien-loup qui s'était royalement installé dans l'un des fauteuils. Il lui expliqua que c'était un cadeau de son oncle, et Idril ressentit une pointe de tristesse en entendant parler son ami d'une voix nostalgique. Elle avait toujours beaucoup estimé le roi Edin, même si elle n'avait pas réellement entretenu de relations proches avec lui. Mais plus que tout, c'était la peine dissimulée de Morzan qui lui brisait le coeur.
C'est un magnifique animal. Son oeil est vif et intelligent. Il a beaucoup de chance d'être toujours avec toi.
Lorsque Morzan demanda comment elle se sentait, en tant que personne et non en tant que Reine, il plongea ses yeux sombres dans les siens. Ses prunelles étaient teintées de bienveillance et d'affection, mais également de mélancolie et de doute. Idril lui caressa tendrement la joue de sa petite main froide, comme pour le rassurer ou le remercier, tout en esquissant un timide sourire. La perte d'Ardentia avait profondément affaibli la jeune fille, moralement parlant. Elle se sentait abandonnée et livrée à elle même. L'absence de sa mère était à chaque instant une véritable torture, mais elle allait mieux désormais : elle parvenait à retenir ses larmes quand elle y pensait. Avec une voix teintée de tristesse, elle répondit le plus sincèrement du monde à celui qui la connaissait mieux que n'importe qui :
Je me sens perdue, et pour la première fois, j'ai peur de l'avenir. Je m'imaginais pas qu'elle puisse un jour m'être enlevée de cette manière. Mais, rassure toi, je vais mieux. Mes larmes ont cessé de couler à présent.
Elle détourna le regard de son ami pour observer les flammes qui dansaient dans la cheminée. La lueur du feu donnait d'étranges reflets au regard d'Idril, qui semblait, en cet instant, désemparée. Mais rapidement, elle replongea ses yeux d'émeraude dans ceux de Morzan, avant de lui demander :
Et toi, Morzan, comment vas-tu? Tu sembles dissimuler tant de peine et d'amertume. Je m'inquiète pour toi ...
Et comme pour renforcer la tendresse qu'elle mettait dans ses propos, Idril entoura les épaules de son ami avec ses bras, et posa sa tête contre la sienne. Sa peau était douce, et il sentait merveilleusement bon. La jeune femme se demanda si leurs rôles et la Guerre allaient les séparer, et cette vague de pensées lui serra la gorge. Si elle ne pouvait plus profiter pleinement de cette amitié, qu'est-ce qui la rendrait heureuse? Elle avait nettement l'impression que son statut de Reine la mettait à l'écart de toutes les joies qu'elle pouvait éprouver. Perdre Morzan après avoir perdu Ardentia ... Elle ne pouvait pas imaginer un avenir plus dépourvu de bonheur. |
| | | | Sujet: Re: Discussion privée [PV Idril] Sam 5 Avr 2008 - 18:44 | |
| Morzan avait, lui aussi, sourit à la remarque de son amie. Elle avait beau être plus jeune que lui, et d’une carrure moindre, il n’était pas rare qu’elle gagne leurs duels amicaux, surtout lorsqu’ils décidaient de lutter seulement lame contre lame. Comme si l’évocation de ces souvenirs, ainsi que sa plaisanterie avait subitement détendue l’atmosphère, Idril se débarrassa de son manteau, et Morzan ne put s’empêcher de l’admirer. Sa tenue était toute simple, mais la prestance et le charisme de la Reine ne laissait planer aucun doute sur son sang royal. Même vêtu comme une simple paysanne, rien qu’à la regarder, on devinait sa noblesse et sa haute naissance.
Le regard du jeune homme se porta sur le collier qui ornait son cou, un médaillon d’une facture ouvragée. Il lui avait offert il y avait maintenant quelques années, en gage de son amitié et de l’amour qu’il lui portait. Elle ne s’en séparait jamais, elle lui avait révélé, et de voir qu’elle le portait toujours malgré ces heures sombres lui fit chaud au cœur. C’est sur, il y aurait bien quelques mauvaises langues pour indiquer qu’il s’agissait d’une faute politique, et qu’afficher ainsi son amitié envers le Peuple des Ombres ne pouvait qu’être préjudiciable à sa position de souveraine des Amazones, mais si c’était le cas, Idril ne paraissait pas s’en soucier.
Vent-Gris avait relevé le museau lorsque la jeune femme s’était installée sur le bras du fauteuil, sans pour autant montrer la moindre animosité. Il remua la queue, conscient que l’on parlait de lui, avant de se recoucher, ses yeux dorés posés sur le jeune couple. Morzan ne répondit pas tout de suite aux compliments de la jeune fille, un peu songeur. Etait-ce une pointe de jalousie qu’il ressentait dans ses paroles, sur le fait que Vent-Gris jouait à être son ombre ? Le jeune Roi fixa son amie un instant, avant de lui demander comment elle se sentait.
Ses paroles étaient peut-être maladroites, mai il savait que, pour elle comme pour lui, parler leur ferait sans doute du bien. Car à qui pouvait se confier un monarque, si ce n’est à un autre, qui plus est, son ami d’enfance ? A pas grand monde… Le jeune homme se rappela les paroles d’une chanson, presque effacée par le temps, que lui chantonnait sa nourrice : D’où vient ce sentiment bizarre, que je suis seul, parmi tous ces amis… Etait-ce ça, le quotidien d’un Roi ? Vivre entouré, mais glacé de solitude à l’intérieur ? Le jeune homme savoura la sensation de la douce main d’Idril sur sa joue, cette menotte enfantine qui, malgré sa fraîcheur, le réchauffait de l’intérieur. La jeune fille esquissa un sourire timide avant de lui répondre, avec cette franchise et cette pudeur qu’appréciait tant Morzan. Elle ne chercha pas à lui mentir, ou à le rassurer, et il lui en sût gré.
Elle se sentait perdue, désemparée à l’idée que sa mère puisse lui être enlevé si vite, aussi rapidement que si l’on avait soufflé la flamme d’une chandelle sur un bonheur perdu à jamais. Mais jour après jour, elle parvenait à sécher ses larmes. Puis elle lui révéla qu’elle s’inquiétait pour lui. Morzan eut un léger rire, un rire sans joie aucune, avant de lui répondre.
Comment je vais ? Je tiens le coup, alors bien, je suppose. Erin est…était un monarque exceptionnel, et sa disparition laisse un grand vide. Je dois me montrer à sa hauteur, pour mon Peuple, mais aussi en sa mémoire. Il est le seul père que j’ai jamais eu, le seul à s’être occupé de moi. Je ne blâme pas mes parents, mais… Je dois être fort, je dois assurer mon rôle, et c’est parfois pesant. Mais ne t’inquiète pas, je t’en prie. Je suis un peu fatigué, voilà tout.
Idril l’avait entouré de ses bras, posant sa tête contre la sienne. Front contre front, Morzan lui caressa la main avec douceur, comme pour mettre plus de poids dans ses paroles, et esquissa un doux sourire avant de continuer.
Merci d’être venue.
Trois mots, simples et d’apparence anodine. Mais pour Morzan, ils ne l’étaient pas, anodins, et il savait qu’Idril le comprenait. Il avait mis dans ces paroles tout son soulagement, toute sa joie de la revoir, quelques gouttes de bonheur dans cet océan de misère. A demi-mot, il lui faisait comprendre qu’elle était plus importante à ces yeux que n’importe qui d’autre… Le jeune roi resta immobile dans les bras de la jeune fille, savourant ce moment de calme. |
| | | Idril CalafasSouveraine Colérique ¤Petit Lardon de Léander¤
Nombre de messages : 3012Age : 20 ansClan : RésistanceFonction : Reine des AmazonesDate d'inscription : 10/02/2008
| Sujet: Re: Discussion privée [PV Idril] Dim 6 Avr 2008 - 14:43 | |
| A la question d'Idril, Morzan répondit d'abord par un petit rire sans joie. Comme si la demande de la jeune femme était maladroite ou inutile. Mais elle savait que c'était davantage un rire nerveux, un rire pour évacuer les sentiments sombres qu'il pouvait éprouver. Dans ses dires, il chercha bien évidemment à rassurer son amie, sans pour autant cacher ses peines et ses doutes. Même si Erin n'était que l'oncle de Morzan, il avait toujours tenu le rôle de son père. Il était un homme sans fils, et Morzan un petit garçon sans père réellement présent ... Ils s'étaient finalement bien trouvés. Le jeune homme ne parlait pas souvent de ses parents, même à Idril, qui ne cherchait pas à en savoir davantage. Non pas par désintérêt, mais bien par pudeur. La jeune femme n'aimait pas s'aventurer sur des sujets qui pouvaient blesser Morzan, alors elle préférait refouler sa curiosité.
Le jeune roi se mit à caresser doucement la main d'Idril, qui l'avait entouré de ses bras. Par ce geste symbolique, elle voulait lui montrer sa bienveillance à son égard, ainsi que tout l'amour qu'elle lui portait. Elle voulait le soutenir, et aurait même souhaité le protéger de toutes ces épreuves si elle en avait eu le moyen. Morzan avait été là pour lui apprendre la mort tragique de sa mère, et bien évidemment, pour la consoler. Il avait caché ses propres larmes pour apaiser la tourmente de la jeune fille, et Idril l'avait réalisé un peu plus tard. Elle s'était sentie gênée de ne pas avoir épaulé son ami, et en quelque sorte, elle voulait réparer cette erreur. Lorsqu'il parla gravement de son devoir et du rôle qu'il devait tenir pour son peuple et pour la mémoire de son oncle, Idril murmura quelques mots à peine audibles :
Je comprends ce que tu ressens ...
Bien sûr, elle le comprenait. Elle aussi venait de perdre la personne qui s'était toujours occupé d'elle, elle aussi avait été précipitamment couronnée Reine, elle aussi devait supporter le poids d'un tel devoir ... Leur situation respective était quelque peu différente, et leur caractère était plutôt opposé ce qui rendait leur réaction peu comparable, mais Idril connaissait Morzan et vivait une expérience assez similaire pour comprendre ce qu'il pouvait ressentir. Lorsqu'il lui demanda de ne pas s'inquiéter, Idril resserra son étreinte, en silence. Elle ne répondit rien, mais ce qu'il lui demandait, était impossible. Elle ne pouvait pas cesser de soucier pour son ami. Même s'il lui disait qu'il allait bien. Lorsqu'il était enfant, il était réservé et préférait dissimuler ses sentiments. Aujourd'hui, Idril trouvait qu'il avait gardé une part de ce trait de caractère. Mais peut être était-ce plutôt de la prévenance et de la sollicitude ?
Morzan la remercia d'être venue. Ces mots à demi chuchotés auraient pu être insignifiants, si Idril n'avait pas été l'amie d'enfance du jeune homme. Elle perçut de la gratitude, mais également comme du soulagement dans sa voix. Elle ne répondit rien et se contenta de déposer un léger baiser sur son front, encore paré de sa couronne d'argent. Elle aussi était heureuse d'être venue et de pouvoir profiter de sa présence. Les mots n'étaient pas assez significatifs, et la jeune Reine préféra ne pas troubler la quiétude de leur étreinte, avec une phrase inutile. Ils restèrent un long moment enlacés, savourant le calme dont ils pouvaient jouir en cet instant. Le silence était simplement perturbé par le crépitement des flammes dansant dans la cheminée. La chaleur qui s'en dégageait était agréable, et semblait prodiguer des effets apaisant sur l'esprit des deux jeunes gens.
Idril retira ses bras minces, mais musclés par les entraînements quotidiens qu'elle avait reçu pour son apprentissage amazone, des épaules de Morzan. Elle se leva et alla se positionner près de la grande cheminée, tournant le dos à son ami. Elle croisa les bras, comme pour se réchauffer, et resta ainsi quelques minutes, le regard perdu dans les flammes. Elle ne pourrait dissimuler longtemps ses doutes à Morzan, quant à la relation qu'ils pourraient entretenir dans le futur. Il ne pouvait ignorer que leurs nouvelles positions allaient certainement les éloigner, et la jeune femme se demanda ce qu'il pouvait en penser. Plus jeunes, ils plaisantaient sur leurs futurs statuts de monarques, en s'interrogeant sur leurs conditions d'accession au trône. Jamais ils n'avaient envisagé se retrouver aussi vite à la tête de leurs peuples, et surtout pas dans une situation de guerre. Idril aimait, autrefois, promettre à Morzan qu'elle viendrait le jour de son couronnement, et qu'elle ferait des grimaces pour le distraire ... Aujourd'hui, ils étaient tout deux souverains, et aucun des deux amis n'avait pu assister à la cérémonie de couronnement de l'autre ... Le regard toujours perdu dans le vide, Idril demanda d'une voix teintée de gravité, sans se retourner pour regarder Morzan :
Puis-je te poser une question ? Crois tu que nous allons pouvoir continuer de nous fréquenter aussi intimement ? Que nous allons pouvoir continuer d'afficher ainsi notre amitié ?
Tout en formulant ses doutes à haute voix, Idril avait commencé à jouer nerveusement avec son médaillon d'émeraude. Quelques uns des conseillers lui avaient recommandé, même avant la disparition d'Ardentia, de ne pas porter publiquement le collier de Morzan. Mais devant la fureur de la jeune fille, aucun d'entre eux n'avaient jamais osé réessayer de la dissuader d'afficher ouvertement son amitié avec le prince des Ombres. Aujourd'hui, encore, ses positions seraient difficilement ébranlables à ce sujet. Mais elle ne pouvait se leurrer, leurs nouveaux statuts allaient peut être rendre les choses plus complexes. |
| | | | Sujet: Re: Discussion privée [PV Idril] Lun 7 Avr 2008 - 15:52 | |
| Je comprends ce que tu ressens… des mots souvent creux, dénués de sens, placés dans la conversation pour montrer l’empathie de l’interlocuteur. Mais Morzan savait que cette phrase était vrai. Comment en aurait-il pu être autrement ? Elle aussi venait de perdre un être cher, son mentor, son modèle. Elle aussi venait d’être projeté dans un monde duquel elle n’avait que de vagues notions. Elle aussi… Le jeune homme la serra plus fort contre lui, conscient à quel point ils étaient proches, semblables. Elle avait connu ses pensées les plus secrètes, ses humeurs les plus sombres, elle le connaissait mieux que quiconque… et maintenant, elle se trouvait à ses côtés, partageant sa peine et sa douleur.
La Reine finit par se retirer en silence, et s’avança lentement vers la cheminée, le regard fixé sur les flammes qui faisaient danser des lueurs cuivrées sur sa longue chevelure. Morzan sût aussitôt que quelque chose la tracassait, quelque chose qu’elle ne savait, apparemment, pas vraiment aborder. Il ne bougea cependant pas, se contentant de l’observer en silence, lui laissant le temps nécessaire pour mettre de l’ordre dans ses pensées et trouver les mots qu’il fallait. Un sou pour tes pensées… il en aurait donné bien plus pour connaître ce qui dérangeait la jeune femme, et ainsi apaiser ses tourments.
La jeune fille finit par prendre la parole, sans le regarder, d’une voix teintée de gravité. Morzan se rencogna dans son fauteuil, en poussant un léger soupir. Inutile de se leurrer, il s’était, lui aussi, maintes fois posé la question depuis quelques jours. L’amitié qui les unissait, Idril et lui, avait toujours été vu d’un œil bienveillant par les anciens monarques, qui aimaient à penser que leurs deux peuples seraient ainsi plus forts, plus unis. Mais ça, c’étai en temps de paix, et la guerre risquait fort de tout chambouler. Ils étaient trop jeunes, trop fragiles pour imposer leurs décisions. Beaucoup trop jeunes…
Morzan se leva sans bruit, s’approchant d’Idril pour poser ses mains sur les bras nus de la jeune fille. Il resta ainsi immobile quelques minutes, avant de prendre la parole.
J’essaye d’éviter de faire des promesses que je risque de ne pas pouvoir tenir. Nos parents… nos parents étaient heureux que nous ayons une relation privilégiée, tu te souviens ? Ils faisaient tout pour nous réunir… mais maintenant, les choses ont changés, c’est vrai, on ne va pas se mentir. Pourtant… j’ai besoin de toi, Idril, de ta présence, de ton amitié. Il y aura toujours des mauvaises langues pour me le déconseiller, je le sais, mais… trahir notre amitié serait trahir l’espoir que nos souverains ont placé en nous.
Je te le répète, je ne peux rien te promettre. Mais je ferais mon possible pour que nos chemins ne se séparent pas. Tu es mon amie, et aucune guerre ne doit changer ça.
C’est vrai, aucune guerre ne devait le séparer de son amie d’enfance. En un sens, ils avaient de la chance, ils étaient dans le même camp. Mais l’amitié qui les unissait représentait, tout autant qu’une force, un réel danger. Pour leur autorité notamment, car nombreux seraient ceux qui persisteraient à dire que la belle Amazone se servait de lui pour obtenir accords et traités, faveurs et contrats juteux. Idril devrait sans doute subir la même pression. Sans oublier Ardiosis… L’empereur du Gwendir savait qu’ils étaient très proches, et il pourrait se servir de ce fait. Comment, Morzan l’ignorait, mais ce n’était pas un détail à négliger.
Ils n’étaient pas souverains depuis assez longtemps pour ne pas devoir affermir leur autorité sur le trône. Les soldats ne suivraient pas un Roi qu’ils considèrent comme acquis à la cause des Amazones, Morzan en était conscient. Ils devraient batailler pour faire taire les rumeurs, mais le jeune Roi se sentait prêt à livrer, et à gagner, cette bataille. Perdre Idril, après avoir perdu Erin, serait un déchirement tel qu’il n’osait pas imaginer comment il le supporterait. Certes, c’était un peu égoïste de dire ça à Idril, car pour tout avouer, il avait peur de la perdre…
Mais un Roi a aussi le droit à un caprice, non ? Il ferait taire les rumeurs sur les champs de bataille, il saurait gagner la confiance de ses soldats, et qu’Idril soit, ou non, son amie ne devait pas entrer en jeu. Secouant la tête pour se soustraire à ses sombres pensées, Morzan finit par esquisser un léger sourire, avant de glisser des doigts taquins sur les hanches d’Idril, là où il la savait sensible. Pas vraiment une chatouille, mais une sensation agaçante, surtout de la manière dont il s’y prenait. Puis il reprit la parole, d’une voix beaucoup plus enjouée cette fois.
Cessons de nous morfondre ! Ta Garde d’Honneur doit se demander ce qu’on fabrique, mais j’ai envie de la faire languir un peu ! Toi qui t’y connais bien plus que moi en matière de chevaux, j’ai reçu pour mon couronnement une monture magnifique, qui n’a pas bougé des écuries. Une petite promenade champêtre avant de retourner chez toi, ça te dirait ? Rien que toi, moi, nos chevaux, et Pot-de-Colle.
Cela leur ferait du bien, à tous les deux, de se changer les idées, il le savait. Et l’atmosphère de la Forteresse devenait étouffante, à force d’errer de salle en salle pour donner des ordres et signer des parchemins. Ils n’avaient pas besoin de gardes, car après tout, ils restaient sur le territoire des Ombres, et même les soldats que le tyran Bennefoy avait envoyé ne s’aventuraient pas sur les terres du Roi. |
| | | Idril CalafasSouveraine Colérique ¤Petit Lardon de Léander¤
Nombre de messages : 3012Age : 20 ansClan : RésistanceFonction : Reine des AmazonesDate d'inscription : 10/02/2008
| Sujet: Re: Discussion privée [PV Idril] Mer 9 Avr 2008 - 16:44 | |
| A peine avait-elle fini de faire part de ses inquiétudes à Morzan, qu’Idril l’entendit soupirer doucement, se lever et se rapprocher près de la cheminée. Il posa ses mains sur les épaules de la jeune Reine, et resta quelques instants immobile et silencieux avant de reprendre la parole. L’amazone se doutait qu’il avait dû, lui aussi, y réfléchir. Il chercha à être le plus rassurant possible, sans toutefois mentir à son amie, et cette dernière aimait cette franchise. Délicate. Mesurée. Lorsqu’il évoqua le fait que leurs parents avaient toujours été favorables à leur amitié, Idril esquissa un sourire. Elle se souvint que sa mère semblait toujours ravie quand elle lui racontait ce qu’elle avait fait avec le prince des Ombres. Elle se souvint des regards complices d’Erin et d’Ardentia quand leurs enfants pleuraient à chaudes larmes lorsque l’heure du départ se faisait sentir. Les deux monarques avaient tout fait pour écarter les obstacles à cette amitié, qu’ils jugeaient plus que bénéfique. Et simplement pour cela, Idril ne pouvait que remercier leurs parents. Bien d’autres monarques auraient estimé cette intimité gênante, voire dangereuse. Lorsque Morzan expliqua que les choses avaient changé, Idril sentit sa gorge se nouer. Elle fut vite soulagée lorsqu’il affirma qu’il avait besoin de sa présence et de son amitié. Elle se retourna pour se lover contre lui. Elle se sentait en sécurité entre ses bras, et pour rien au monde, elle n’aurait voulu quitter la chaleur de leur étreinte. Idril était devenue, depuis quelques temps, une femme froide, dénuée de compassion, de pitié. Du moins, en apparence. Désormais, seul Morzan connaissait l’autre facette d’Idril : celle d’une jeune fille fragile, pouvant se révéler d’une incroyable gentillesse. Il continua de la convaincre en lui promettant de faire son possible pour que leurs chemins ne se séparent pas. Leur amitié, en tout cas, resterait intacte. Pour la jeune femme, c’était le principal. Ils ne renieraient pas ce qu’ils avaient vécu, et c’est tout ce qui lui importait. Avec une pointe de soulagement dans la voix, elle murmura : Pour moi aussi, tu es précieux, Morzan. Savoir que notre amitié reste intacte, même si nous ne pouvons plus en profiter comme avant, me rassure. Bon nombre de mes conseillers semblent considérer que je ne devrais pas afficher publiquement mon amitié envers le peuple des Ombres, à travers celle qui m’unit à toi ...Elle releva la tête pour plonger ses yeux dans ceux de Morzan. Elle lui adressa un sourire malicieux, plein de complicité, avant d’expliquer d’un ton faussement méprisant : Mais je crois qu’ils ont bien trop peur de ce que je pourrais leur faire subir, pour qu’ils n’osent me reprocher quoique ce soit ...Les doigts de Morzan vinrent se perdre sur les hanches d’Idril de cette façon si particulière dont il connaissait le secret. Elle se dégagea en le repoussant doucement, détestant cette sensation sur son corps. Elle lui adressa une grimace, mi-amusée, mi agacée. Ils étaient redevenus en une fraction de seconde des jeunes adultes qui ne pensaient qu’à se taquiner. A s’amuser. Loin du fardeau qui était le leur. D’une voix enjouée, le jeune Roi expliqua à Idril qu’il voulait faire attendre un peu plus sa garde, et qu’ils pourraient aller se balader à cheval, un petit moment. Idril émit des petits claquements de langue désapprobateurs, tout en fixant Morzan de ses yeux brillants. Sir, ce n’est pas raisonnable. Que diront vos Ministres? Et surtout la jeune fille qui vous fixait avec tant d’insistance lors du repas préparé en l’honneur de ma visite?Idril avait volontairement employé le vouvoiement pour taquiner Morzan. Devant son air incrédule, elle ne put s’empêcher de rire et de le pousser amicalement. Allons-y. Alimentons les rumeurs de ta Cour! Et que toutes tes courtisanes en soient vertes de jalousie!Elle lui adressa un petit clin d’oeil complice, tout en se dirigeant vers le fauteuil où était posé son manteau de fourrure. Elle s’en enveloppa, tandis que Morzan faisait de même. Cette promenade leur ferait certainement du bien : ils avaient besoin se divertir et d’oublier leur problèmes un moment. Tant qu’ils seraient ensemble, leurs peines et leurs inquiétudes seraient amoindries. Il n’était pas bon, après tout, pour un monarque, de ressasser sans cesse de sinistres pensées. L’unité de leurs peuples en dépendait ... |
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